«Avec un éditorial, j'ai fait un gouvernement, avec un éditorial j'ai défait un gouvernement.» Cette citation de l'ex-directeur de l'Echo d'Alger, Alain de Sérigny, prend tout son sens, quand il s'agit de parler du rôle médiatique du quarteron de journaux dans la crise algérienne actuelle et plus particulièrement dans les rapports pas toujours faciles entre le pouvoir et la classe politique. Depuis la naissance de cette presse «indépendante», au lendemain des événements d'Octobre 88, des journaux se sont autoproclamés, maîtres de l'espace d'expression, acquis au bout des sacrifices du peuple, pour donner la parole à des «missionnaires» engagés pour semer le doute et créer un climat de suspicion. C'est cette même presse qui a été derrière le départ de Zeroual, de Betchine, d'Adami et même de la mort de la femme de celui-ci. Dès 1990, cette presse s'est déjà illustrée, en sortant le dossier du coffre-fort du MDN sur le cas du général Beloucif pour en faire une campagne de «déchadlinisation» qui ne disait pas son nom. Les éditeurs de ces journaux, qui ont bénéficié d'un apport financier important de l'Etat, avaient une certaine responsabilité dans la violence qui a secoué le pays en la surmédiatisant. Consciente du poids réel qu'elle a sur l'opinion, cette presse a usé de tout son pouvoir sur les décisions du pouvoir allant jusqu'à faire et défaire certaines décisions gouvernementales et menant vers la porte de sortie certains ministres de la République. Ces journaux servent aussi bien les intérêts de certains partis que des chancelleries étrangères, toujours à l'affût du moindre faux pas du pouvoir algérien. Quatre journaux habitués aux coups d'Etat médiatiques et qui continuent leur «sale besogne» en accréditant du qualificatif d'«hommes politiques», certains individus qui prennent leur désir pour des réalités. C'est le cas de Ghozali, le candidat malheureux à la présidentielle puisqu'il n'avait pas réussi à obtenir les 75.000 signatures qui essaye de faire de la politique sans parti, de Cherif Belkacem qui, sorti de ses frasques dauviliennes, veut se refaire une «virginité» politique, ou encore de Benbitour, un ex-Chef du gouvernement en panne de stratégie et qui tente de coller au groupe pour essayer de gagner des voix pour la prochaine présidentielle. Trois «mousquetaires» en mission spéciale et dont le chef «D'Artagnan» reste encore tapi dans l'ombre. Ce quarteron de journaux, qui s'érige comme le tuteur en titre de la communication en Algérie et qui croit détenir les quatre pouvoirs à la fois, est entré, depuis quelques jours, en campagne contre le Président de la République et affiche déjà sa volonté de changer les données politiques. Une énième campagne anti-Bouteflika dont la visée réelle est de faire de ce pays l'otage d'une instabilité politique et économique. Comme pour Chadli et Zeroual, l'objectif de cette presse reste le même: déstabiliser le pouvoir et créer un climat politique défavorable pour faire annuler les prochaines législatives et aller vers une présidentielle anticipée. «Ces décideurs de la plume» sont allés jusqu'à utiliser des événements internationaux pour donner des exemples d'échec. Ainsi l'épisode de la crise en Argentine et plus récemment, le cas du Venezuela et la mésaventure de son président Chavez, ont été utilisés par cette presse «indépendante de sa volonté» pour souhaiter le même sort au chef de l'Etat. Malheureusement pour leurs desseins politiques, Chavez, l'ami de Bouteflika, s'en est tiré à bon compte et, partant, a prouvé qu'on ne peut pas faire changer les choses avec une armée de médias, de patrons et d'un soutien étranger. Au lieu de montrer les meilleurs chemins pour une sortie de crise, ce quarteron continue de jeter de l'huile sur le feu en attisant encore plus la haine en Kabylie. Certains diplomates sont allés jusqu'à dire que cette presse «au service» a une grande responsabilité dans la crise que vit actuellement le pays. Abraham Lincoln disait: «On peut cacher une partie de la vérité tout le temps, on peut cacher toute la vérité une partie du temps mais on ne peut cacher tout le temps toute la vérité.» Le jour viendra où cette poignée d'éditeurs en mal de scoop sera mise devant le fait accompli et finira par comprendre que le journalisme est un métier trop noble pour qu'on confonde une plume et une allumette.