Si la crise algérienne est complexe, l'habitat en est l'un des plus forts segments. Avec le taux extraordinairement fort du déficit évalué, à la fin des années 90, à plus d'un million d'unités, l'Algérie se demandait par quel miracle elle allait s'en sortir. Comment créer une famille, quelle vie décente possible sans un toit? Conscient de tous ces enjeux autour de l'habitat, le candidat Bouteflika présente, dans son programme électoral de 1999, ce secteur comme une priorité incontournable. Dès son accession à la magistrature suprême, le Président instruisit le gouvernement de cet important dossier et de ses axes de travail. Alors que le logement social connaissant une nette accélération, l'aide à la construction et au logement social participatif était mise en place. Malgré tout, sur le terrain aucune avancée conséquente n'était palpable. De toute évidence, l'Exécutif d'alors n'avait pas pris toute la mesure de l'enjeu et de surcroît, ne s'était pas défait des vieux réflexes d'attentisme auxquels se mêlaient toutes les forces de résistance d'une administration vomie par les citoyens. Pour preuve, nous savons aujourd'hui que la formule location-vente est restée dans les tiroirs des responsables de l'époque jusqu'à l'arrivée de l'actuel ministre de l'Habitat qui l'a non seulement réanimée, mais aussi dopée au point d'avoir presque réussi en un laps de temps à rattraper tout le retard hérité. La diversification des formules d'accès au logement et l'ampleur qui leur est donnée témoignent de la volonté politique d'en finir au plus vite avec la pénurie et d'atteindre rapidement les équilibres nécessaires. La lutte contre l'habitat précaire est une réalité palpable quand on sait que le logement social se taille la part du lion. Des centaines de milliers de logements sont réalisés dans ce cadre chaque année. Il faut préciser la part de l'aide des pays arabes dans ce type de logement. Des milliards de dollars sont investis par des fonds arabes comme le Fades sous forme de prêt à taux infime et à long terme. Des dons sont également faits par des pays comme l'Arabie Saoudite ou le Qatar. Des émirs s'impliquent personnellement pour témoigner leur amitié au Président de la République qui jouit d'un grand prestige parmi eux. A cette coopération internationale dans le domaine de l'habitat, s'ajoutent des mesures incitatives telles que la cession du logement social, l'augmentation à 50 millions de centimes de l'aide non remboursable pour le logement social participatif et la désormais célèbre formule location-vente à l'adresse de la classe moyenne grâce, dans un premier temps, à la contribution financière du Trésor public au taux d'intérêt zéro. L'arrivée dans ce créneau des banques avec chacune son crédit immobilier sans être déterminant, n'en comporte pas moins les signes distinctifs d'un effet d'entraînement et d'une nouvelle mentalité très positive qui est en train de s'installer. Tous ces programmes et la dynamique qui les caractérise présentement doivent aboutir à la livraison de 100 à 150.000 logements chaque année comme l'a, à maintes reprises, précisé le ministre de l'Habitat M.Tebboune. Nul besoin de souligner les multiples retombées de la politique volontariste de l'habitat à laquelle nous assistons. En matière de création d'emplois, sur le plan social, mais surtout pour la paix retrouvée. Il serait malhonnête de dire que l'habitat n'a pas «décollé» sérieusement depuis peu. Comme il serait malhonnête de dire que Bouteflika n'y est pour rien. A terme, cette nouvelle dynamique insufflée au secteur de l'habitat est de nature à donner une raison d'espérer aux millions de jeunes, privés de rêves, de toute projection dans un futur incertain. Il est, en effet, important de souligner qu'il n'y a pas si longtemps, les Algériens, poussés par le désespoir, faisaient une fixation sur le ticket «babor Australia». En masse, les jeunes étaient candidats à l'évasion, à la fuite éperdue vers d'autres cieux pas forcément plus cléments, mais qu'importe ! Une vie folle et désordonnée régnait sur ce que l'Algérie post indépendance a de plus cher: la jeunesse qui représente 70% de sa population. Une jeunesse livrée à elle-même, sans repères, capable du meilleur comme du pire, facile à embrigader par le premier charlatan venu. Le problème du logement n'est pas étranger au grand désespoir de la génération postindépendance. Son règlement, qui semble sérieusement se profiler à l'horizon, pèsera, à n'en pas douter, très lourd sur le rétablissement de la paix sociale.