La situation énergétique est préoccupante en Afrique. La création d'une structure capable de défendre les intérêts de ses pays devient une urgence. La Commission africaine de l'énergie (Afrec) sera officiellement lancée demain à Alger et regroupera 30 ministres africains à l'hôtel El Aurassi. Cette commission a été créée en 2001 en réponse à un besoin croissant d'une structure susceptible de défendre les intérêts énergétiques et d'encadrer le développement du secteur en Afrique. Près de 7 années après sa création, la jeune organisation s'apprête à voler de ses propres ailes. A partir du 17 février, elle sera en mesure de jouer le rôle qui lui est attribué sur la scène africaine et mondiale. La légitimité de cette organisation exige qu'elle soit ratifiée par 19 Etats africains. L'Afrec a obtenu 23 ratifications en 2003. De plus, 17 autres pays ont franchi l'étape préalable de la ratification. Elle sera officiellement approuvée par un total de 40 pays. Ce qui est un bon signe pour le démarrage de cette commission. Il serait bon de mentionner que le continent africain suscite un intérêt qui ne cesse de croître de la part des pays en quête de l'or noir. Son brut léger et facile à raffiner met l'eau à la bouche des groupes d'industrie pétrolière. Les multinationales se bousculent pour s'approprier le droit d'exploitation. A la queue, les Américains, les Australiens, les Européens et les Chinois. Le continent produit 7,8 millions de barils par jour, ce qui équivaut à 11% de la production mondiale (statistiques de 2005). L'économie des pays producteurs dépend complètement de leurs recettes pétrolières, à l'instar de l'Algérie, le Nigeria, la Côte d'Ivoire et l'Angola. Par ailleurs, en dépit de cette richesse en ressources énergétiques, les pays africains sombrent de plus en plus dans l'extrême pauvreté. Les facteurs cités mettent le développement du secteur de l'énergie en une des priorités. Ainsi, une structure capable d'encadrer ces pays s'avère d'une grande importance. L'Afrec s'est justement tracé l'objectif de défendre les intérêts des pays membres et de jouer un rôle pour établir un certain équilibre dans la situation énergétique préoccupante du continent. Le directeur exécutif de la commission, Hussein Elhag, a déclaré lors de la conférence d'ouverture tenue mercredi dernier au siège du ministère de l'Energie que «l'organisation jouerait un rôle influent sur la scène africaine et même mondiale». Surtout que les Africains manquent de leadership dans le domaine. Il a expliqué que leur objectif est de faire de l'Afrec une organisation forte, influente et efficace, afin de pouvoir «soutenir les Etats, les projets et les financements». Pour ce faire, les dirigeants ont déterminé des missions que l'organisation serait en mesure d'assurer. L'élaboration de politiques, de stratégies et de plans de développement est une première préoccupation. Dans le but de consolider et de faciliter la communication et le transfert d'informations entre les pays membres, la commission a prévu la mise en place d'un système d'information et d'un réseau de bases de données en matière d'énergie. Par ailleurs, l'Afrec se chargera de l'identification de projets énergétiques inter-africains et de l'élaboration de mécanismes pour en assurer le financement. M.Elhag a cité le gazoduc reliant Lagos à Alger en guise d'exemple des projets de partenariat entre les pays africains que l'Afrec va soutenir. Quant à la formation et à l'échange de connaissances, la commission envisage la mise en place d'un programme de développement de ressources humaines. Un budget de 1,2 million de dollars sera déboursé pour assurer le fonctionnement de cette structure, selon son directeur exécutif. C'est l'Union africaine qui assurera une partie de ce budget. Quant à l'autre partie, ce sont les membres qui seront en mesure de la fournir d'une manière volontaire. Si tout porte à croire que l'Afrec est destinée à jouer un rôle de lobby en matière d'énergie, la réponse des conférenciers Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, Hussein Elhag, directeur de l'Afrec, et Moussa Baba, représentant de l'UA, n'a pas soutenu cette thèse. La réponse à cette question s'est voulu vague. «La commission vise à défendre les intérêts énergitiques de l'Afrique», a répliqué M.Elhag.