L'acte de repentance reste une pilule indigeste qui freine le développement des relations entre les deux pays. Rebondissement. Le passé colonial dérange encore. Les archives de la guerre de Libération nationale, remises récemment à l'Algérie par la France, rouvrent les plaies. Le ministre des Moudjahidine, M.Mohamed Chérif Abbas, a estimé, dimanche dernier à Tlemcen, que ces archives «glorifient le colonialisme». Cette révélation risque d'ouvrir un nouvel épisode de confrontation verbale entre Alger et Paris. L'on se souvient tous de la fameuse loi du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme. Celle-ci a conduit au gel de la signature du traité d'amitié franco-algérien en 2003. Dans son intervention au colloque sur «L'unité nationale entre passé et présent», organisé dans le cadre de la célébration de la Journée du chahid, le responsable de la famille révolutionnaire n'a pas été tendre avec la France coloniale. Irrité, M.Chérif Abbas s'est largement étalé sur les méfaits du colonialisme allant jusqu'à dire des vérités cachées jusque-là. Tout en dénonçant le colonialisme, le ministre a qualifié les crimes coloniaux d'holocauste. «Les forces coloniales ont commis toutes sortes de crimes allant jusqu'à la vente des ossements d'Algériens à des entreprises de produits de plâtrerie», a révélé M.Chérif Abbas. Les archives récupérées, explique-t-il, sont loin de refléter la vérité. Ce qui laisse déduire, selon lui, que la France moderne d'aujourd'hui tient toujours à son passé colonial. M.Cherif Abbas ne comprend pas pourquoi la France refuse de demander des excuses à l'Algérie alors que plusieurs pays l'ont déjà fait pour d'autres pays ex-colonisés? Malgré le fait que le gouvernement algérien persiste sur le devoir de mémoire, la France continue de faire la sourde oreille. L'actuel président français a reconnu, lors de son dernier déplacement à Alger, cette réalité sans pour autant demander des excuses. L'acte de repentance reste une pilule indigeste qui freine le développement des relations entre les deux pays. Le ministre des Moudjahidine a demandé à ce que soient remises à l'Algérie «les archives des représailles, des assassinats et d'incendies de bibliothèques, notamment». «Les vérités de cette guerre doivent être portées à la connaissance de tout le monde», a-t-il souligné en rappelant que les combattants de l'ALN «respectaient les droits de leurs prisonniers et des détenus». Ce qui n'était pas le cas pour les forces coloniales. Celles-ci, précise-t-il, dont «les crimes ne différenciaient pas le combattant du civil, menaient des représailles contre les civils, femmes et enfants». Se référant à la religion, le ministre a affirmé que «le djihad, durant la guerre de Libération nationale, visait le droit et la vie, conformément aux préceptes de notre religion». Voulant transmettre un message clair aux jeunes, Chérif Abbas dira: «Le djihad durant la Révolution, est un acte légitime qui nous a permis de recouvrer notre Indépendance pour vivre en toute liberté, à l'inverse des actes suicidaires qui mettent fin à la vie d'une manière aveugle». En faisant allusion aux terroristes, le ministre a affirmé que «leurs actes relèvent tout simplement du crime organisé et non du djihad». Il a invité la jeunesse à «réfléchir avant de tenter toute aventure», par voie maritime, notamment. Le ministre a estimé que la Journée nationale du chahid constitue une occasion pour «resserrer les rangs et sauvegarder l'unité nationale».