Les discussions ne se sont pas limitées à l'affaire des Mig et à l'Opep du gaz. Le chef de l'Etat vient de relancer la compétition pour le développement de l'énergie nucléaire civile. «L'Algérie construira sa première centrale atomique avec l'assistance de l'Agence internationale de l'Energie nucléaire (Aiea)», c'est ce qu'a officiellement annoncé le président de la République, à la veille de sa visite en Russie, à l'agence russe Itar-Tass. A travers cette déclaration, le chef de l'Etat vient d'écarter toute idée de monopole sur le projet du nucléaire civil. En termes plus clairs, l'Algérie veut diversifier ses partenaires. Nul n'ignore que le nucléaire algérien attire les convoitises de nombreux pays, entre autres, les USA et la France. Relancer ce projet à cet instant n'est pas fortuit. Le chef de l'Etat a voulu tendre la perche au président russe pour réactiver la coopération dans ce domaine. D'ailleurs, il a rappelé que les deux pays ont établi des contacts sur l'énergie nucléaire en 2005. «Une délégation russe devait visiter l'Algérie en octobre 2007 pour rendre la coopération spécifique, mais elle a été retardée du côté russe», a précisé le chef de l'Etat à l'agence russe. L'hôte d'El Mouradia invite donc directement la Russie à redynamiser sa coopération avec l'Algérie. Imprévu, le sujet-phare a été au centre des pourparlers entre les deux présidents. Même si rien de concret n'a été avancé, il n'en demeure pas moins que les deux hommes ont certainement fait le tour de la question. Les experts russes reviendront prochainement à Alger. L'Algérie préfère apparemment travailler avec son fournisseur habituel en matière d'armement. Elle compte beaucoup sur l'expérience russe pour développer son nucléaire. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil a de son côté, mis l'accent sur les besoins de l'Algérie en matière de formation: «L'Algérie attend de cette coopération avec la Russie ce qu'elle en attend des autres pays: la formation - comme avec la France -, les échanges d'expériences, la recherche et développement, la possibilité de faire des unités électronucléaires dans le cadre d'un appel d'offres international, l'exploitation de l'uranium et surtout une coopération dans le domaine de la sûreté et de la sécurité», a-t-il précisé. M.Khelil a annoncé qu'une loi sur le nucléaire était en préparation et «doit passer bientôt devant le gouvernement et ensuite le Parlement». Une fois adoptée, explique-t-il, une importante agence de sûreté et de sécurité nucléaire, sera créée en plus d'une entité de recherche, de développement et d'applications nucléaires. Un autre dossier n'a pas non plus figuré dans les discussions: c'est celui de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Le chef de l'Etat n'a pas omis, cependant, d'exprimer à son homologue russe son inquiétude: «L'entrée à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) constitue une préoccupation essentielle de l'Algérie», a-t-il déclaré. «Nous pouvons étudier avec vous la possibilité d'arrangements bilatéraux et, il est tout à fait clair que la préoccupation essentielle de l'Algérie est d'entrer à l'OMC» a-t-il encore dit. Par ailleurs, les discussions ne se sont pas limitées uniquement à l'affaire des Mig 29 et de l'Opep du gaz. Cependant, aucune précision n'a filtré sur l'affaire des Mig 29. Par ailleurs, la visite d'Etat a débouché sur la signature de plusieurs contrats dans différents domaines. Ainsi, dans celui des transports, deux contrats ont été signés hier. L'un porte sur la circulation aérienne et le renforcement des dessertes entre les deux capitales. L'autre concerne la construction des voies ferrées en Algérie par la société russe RZD. Dans le secteur de l'énergie, le ministre de l'Energie et des Mines a exprimé l'intérêt de la compagnie Sonatrach d'avoir des activités en Russie, au même titre que les sociétés russes qui ont des investissements «très rentables» en Algérie.