Unique complexe sidérurgique en Algérie et au Maghreb, l'usine Arcelor Mittal de Annaba est toujours sous les feux de la rampe. Toute information concernant ce site est disséquée, analysée et traitée par différents spécialistes spéculant ainsi sur son devenir au sein du groupe international. La rumeur prend le relais déformant et amplifiant des faits. La désinformation et la manipulation font le reste. La nomination fin octobre 2007 de M.Bernard Bousquet comme directeur général d'Arcelor Mittal Annaba, en remplacement de M.Sanjay Kumar, a soulevé des interrogations malgré l'accueil favorable qui lui avait été réservé par l'équipe dirigeante et les personnels en poste. A toutes ces questions, M.Bernard Bousquet a bien voulu répondre lors d'un entretien accordé à L'Expression. L'Expression: Monsieur le directeur général, votre nomination à la tête d'Arcelor Mittal Annaba est-elle la conséquence de la fusion entre Arcelor et Mittal Steel ou alors s'agit-il de l'application d'une nouvelle stratégie dans la gestion du complexe au vu de votre longue expérience dans le domaine? Bernard Bousquet: La fusion entre Arcelor et Mittal Steel est une réussite remarquable du multinationalisme. Elle symbolise la volonté de constituer une équipe intégrée pour une évolution positive allant dans le sens du progrès et de l'amélioration des performances. Ma nomination est intervenue dans le cadre de la gestion par le groupe des activités et du personnel. Arcelor Mittal est un groupe ouvert. La mobilité du personnel est un atout. Il y a des Belges, des Canadiens, des Indiens qui travaillent en France ou au Luxembourg. Ici, les Algériens sont majoritaires mais il y a aussi des Indiens. C'est une bonne équipe et j'en suis heureux. Mon profil, mon expérience et mon sens de communication, élément fondamental dans le management de l'équipe, ont fait que les dirigeants du groupe m'ont nommé à ce poste Annaba. Nous avons appris qu'un nouvel organigramme est fin prêt pour être concrétisé sur le terrain. Mais celui-ci n'a pas été appliqué parce qu'il prévoit des suppressions de postes. Est-ce que la direction générale attend les départs à la retraite des 1500 travailleurs prévus pour procéder à ce changement? Sinon, quel est l'objectif de cet organigramme? Le départ à la retraite est une évolution normale. L'organigramme ne prévoit aucune suppression d'emploi. Bien au contraire, Arcelor Mittal Annaba est l'une des rares sociétés ayant embauché dans le cadre du préemploi 320 ingénieurs et techniciens en 2005. Ceux-ci ont été permanisés et certains parmi eux occupent déjà des postes de responsabilité au sein de l'entreprise. Si recrutement il y aura, il sera sélectif et selon les besoins, les compétences et les spécialités. Nous avons beaucoup investi dans la formation du personnel. Des travailleurs ont été envoyés à Dunkerque et à Fos en France, d'autres sont formés sur place. Notre objectif est d'atteindre les standards internationaux; augmenter la production avec des effectifs restreints pour être compétitif en matière de prix sur le marché mondial. Arcelor Mittal se propose de dépasser les 2 millions de tonnes par an, ce qui ne va pas sans la modernisation de certains équipements ainsi qu'une réorganisation du travail: y a-t-il des investissements dans ce sens? Certainement, un important investissement a été déjà consenti en 2004. Il s'agit du laminoir à chaud (LAC) qui a coûté 60 millions de dollars, un nouveau haut fourneau ainsi que la réfection des 2 autres et de toutes les agglomérations qui vont avec. Il y a un plan de remise en état de la cokerie (revamping) et bien d'autres structures pour lesquelles ont été dépensés 80 millions de dollars. C'est une amélioration technologique qui pourra faire avancer le complexe et le rendre plus performant, plus fiable et où la productivité sera nettement améliorée. Selon des informations, pour que le complexe de Annaba soit rentable, il faudrait qu'il produise 5 millions de tonnes par an. Aussi, pour pallier ce déficit, Arcelor Mittal veut accéder à l'exploitation du gisement de Ghar Djbilet et le rachat de 5 entreprises, 2 tuberies à Annaba et Ghardaïa ainsi que 3 tréfileries. Où en sont les négociations et se pourrait-il que le groupe rachète ces entreprises face à son concurrent germano-britannique Primary et Bender? Bernard Bousquet, directeur général de Arcelor Mittal Annaba, est ingénieur de formation, diplômé de l'Ecole des arts et métiers de Paris. Il est réputé pour être un excellent gestionnaire ayant occupé différents postes de responsabilité au sein du groupe, leader mondial de la sidérurgie. M.Bousquet, nommé à ce poste en octobre 2007 en succession de M.Sanjay Kumar, est un homme d'expérience qui connaît bien le secteur de la sidérurgie pour y avoir travaillé pendant près de 30 ans. En 1979, il rejoint l'usine de Gueugnon (France) où il devient directeur technique après avoir auparavant mis en service celle de Greenfield au Mexique. En 1992, il est chargé de la supervision et de la construction d'un autre complexe sidérurgique en Thaïlande. En 1996, il est nommé directeur de l'usine de Pont- de- Roide, poste qu'il occupe pendant 4 ans avant de se voir confier le poste de responsable de la sécurité, du développement continu et de la qualité à R&D. Actuellement, il cumule les fonctions de vice-président directeur général d'Arcelor Mittal et de directeur général du complexe de Annaba.