Bouteflika y sera aujourd'hui pour une visite éclair d'une journée. Les axes que devra emprunter le Président sont jalonnés par la double effigie Ben Badis-Bouteflika. Deux noms, deux dates: hier le 15 avril, Bouteflika bouclait, dans un climat d'appel au putsch militaire contre lui, sa troisième année de mandat. Aujourd'hui, 16 avril, date de la commémoration de la disparition de Abdelhamid Ben Badis, l'homme du savoir et des réformes, porte-étendard de l'Association des oulémas algériens. C'est la quatrième visite du Président dans la ville de Malek Haddad, et elle ressemble trop à l'édition de l'an dernier où Bouteflika est venu célébrer la Journée de la science et de la culture. En rééditant sa visite, Bouteflika tente-t-il d'instaurer une certaine «tradition»? En réhabilitant saint Augustin, Moufdi Zakaria et Kateb Yacine, le Président avait annoncé nettement la couleur: réconcilier les Algériens avec leur culture, leur passé et leur identité. Cette virée constantinoise participe, en partie, à la même logique, à la même démarche. Bouteflika devra aujourd'hui présider la cérémonie d'ouverture de la Semaine scientifique nationale des universités à l'université Mentouri avant de déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de Ben Badis. Selon le programme établi, Bouteflika procédera à l'ouverture de la très inédite semaine culturelle de Tlemcen à Constantine, vite concoctée par les services culturels locaux. Départ ensuite vers Aïn Smara (12km à l'est du chef-lieu de wilaya) pour l'inauguration d'un ensemble pédagogique de 1.500 places et d'une bibliothèque, avant de bifurquer vers El-Khroub où le Président devra inaugurer une clinique vétérinaire ainsi qu'un ensemble pédagogique de 1.000 places. Retour vers le chef-lieu, plus précisément la nouvelle ville Ali-Mendjeli où Bouteflika devra donner le coup d'envoi du projet de réalisation de 4.000 places pédagogiques et 2.000 lits de la nouvelle université. Il sera notamment procédé à la pose de la première pierre du programme de 2.500 logements locatifs dont 1.300 ont été entamés depuis début janvier 2002. Constantine est entourée de foyers d'émeutes, Aïn Fakroun au Sud, Chelghoum Laïd et, un tout petit peu plus loin, la Petite-Kabylie à l'Ouest, Oued Zenati, etc, autant de centres de tension sociale et de colère populaire qui redessinent, au fur et à mesure, la carte politique du pays. Ce qui nous amène à la question des élections dont les préparatifs vont bon train ici à Constantine. Le ministre de l'Intérieur, M.Zerhouni, a tout récemment effectué une visite d'inspection des dispositions techniques pour ce rendez-vous. Après les détails techniques, vient la volonté politique du Président, ou plutôt, son réengagement à aller vers les élections. L'occasion, peut-être, de mettre les barres sur les «t» et les points sur le «i», une fois pour toutes. Tout le monde attend le discours du Président, mais même en s'en tenant aux limites protocolaires de ses hôtes universitaires, il aura tout dit. Malek Haddad a écrit: «Il y a des mots qui sont lourds.»