Le coeur de l'Ahaggar prend l'allure d'une véritable ville cosmopolite, stars à l'appui... Lundi soir à Tam. Il est 19h30, le soleil tire sa révérence inexorablement et se couche à l'horizon. L'âme de Tamanrasset se réveille de sa torpeur. Nous sommes le 15 avril 2002 à quelques jours de la célébration de la fête de Tafsit (du 26 au 28 avril), une manifestation culturelle qui a lieu chaque année dans la capitale de l'Ahaggar. Sont organisées durant cette période, de nombreuses activités inhérentes à cette région dont des expositions en tous genres: poterie, vannerie et courses de méharis... Tafsit marque aussi la fin de la saison touristique dans la région. Tafsit veut dire, aussi, printemps en berbère, faut-il le préciser. Le peuple touareg nous accueille à bras ouverts. Il est prêt à nous faire visiter toute la ville. Sa générosité légendaire se confirme. La raison de notre visite à Tam? Le 1er Festival international de musique, qui assurera, incontestablement et ce, durant trois jours (du 15 au 17) aux gens d'ici, liesse et sorties dans cette ville qui ne vit quasiment que grâce au tourisme. Et l'un des principaux motifs de l'organisation d'un tel festival est de drainer le maximum de visiteurs et de touristes dans cette capitale de l'Ahaggar. Et de l'animation, il va y en avoir ! Mais avant de goûter à la joie de la musique, faut-il d'abord se nourrir, et c'est à la belle étoile et assis à même le sol qu'on se délectera de ce fameux plat malfouf et de la tchekchouka suivit de trois tasses de thé, véritable rituel dans la région. On pouvait distinguer tout autour de nous, les invités de Backstage-Production, la boîte initiatrice de cet événement musical (chapeauté par Mami et Kamel Aït Adjadjou) et de nombreux artistes d'ici et d'ailleurs. On commencera d'abord par citer ceux d'ici: le chanteur Hamidou (qui évolue maintenant à l'étranger), le groupe de rap City-16, Triana d'Alger, Hocine Lasnami et de là-bas : la chanteuse Jessy (I will survive), K.Reen (chanteuse de RN'B) Princesse Erika... sans oublier les potiches du Bigdil. Oui, les Gaffettes étaient bel et bien là! 21 heures, on se dirige vers le stade où doit se dérouler le concert. Le public, assis ou debout est fort nombreux. On croirait que tout Tam s'est donné le mot. Beaucoup, par ailleurs, ont fait le déplacement d'Alger, de Tizi Ouzou et d'ailleurs pour assister à ce festival dont l'attrait principal est qu'il se déroule en plein air dans le Grand Sud. Et les étrangers ne manquent pas. Tam prend l'allure d'une véritable ville cosmopolite. 21h30, le public nombreux attend toujours le début des festivités. Il a droit au dernier réglage de la balance. Et c'est à 21h40 précises que s'ouvre le festival par l'allocution du président de l'APC, M.Mokhtar Zoumga qui remerciera tous ceux qui «sont venus de très loin, fouler le sol de cet immense territoire, ce patrimoine national et international» et de déclarer: «Au nom du citoyen de Tamanrasset, le 1er Festival est ouvert». Il sera suivi de Mami, le président du Festival, dont l'allocution a été très brève. Le «traditionnel» entame la soirée aux couleurs bleues des hommes du désert, avec le groupe targui Imzad, du nom de cet instrument séculaire, propre à cette région. Le vieux poète, entouré de ces belles targuies, déclamait un chant qui raconte l'histoire et la souffrance de son peuple. Un langage venu d'un sage qui résonnait comme une invitation à la paix dans le monde. La langue des Touareg, le tamaheq, un idiome berbère répondait à l'appel mystique de cet instrument dont seules les ont le droit de jouer... un véritable envoûtement ! Suite à cela, l'interprète de la célèbre chanson I will survive, la nouvelle version, hymne de la Coupe du monde de football, fera son apparition en combinaison blanche moulante, accompagnée de deux charmants danseurs latinos. Sa musique est entraînante et ne peut laisser le public indifférent. Et le voilà qui quitte son siège pour se rapprocher de la scène. Cette dernière est aussitôt envahie d'une marée humaine. Le temps qui s'était adouci avec la tombée de la nuit, «se réchauffe». Après la salsa et le disco, place à la Rn'b avec le groupe K.Reen. Vient ensuite le tour du grand Djamel Alam. Le premier artiste à s'être produit, jusqu'à présent, en compagnie de ses musiciens a contrario des autres qui chantaient suivant le procédé du «recording». Djamel Alam a cassé la baraque en interprétant un florilège de ses meilleures chansons, des plus anciennes aux plus récentes. Il faut dire qu'il était accompagné de talentueux musiciens, notamment le flûtiste du groupe berbéro-celtique, Mouggar, Nasredine Dalil et Abdenour Djennaï au banjo qui joue aussi avec les groupes Cheikh Sidi Bemol et Zalamite. L'empreinte celtique dans les morceaux de Djamel est indéniable. «Un cadeau musical lil nass Tam». Cela s'appelle Nomad's land dira Djamel. Un instrumental composé par le flûtiste himself. Interprété avec fougue, aux relents jazzy, ce morceau nous rappelait quelque peu «Laâlaoui» du groupe ONB. Une pure merveille, le finish de Djamel Alam se fera avec cette chanson dédiée à toute la jeunesse algérienne Avava Inouva d'Idir. Et c'est le tombeur de ces dames, Hocine Lasnami qui clôtura en apothéose cette première soirée du festival vers 00h30 avec notamment des reprises d'Enrico Macias et surprise, Haremt ahibek de Ouarda El Djazaïria.