Les travailleurs de l'Entreprise de viabilisation de Sidi Moussa (EVSM) s'activent à réaliser la route entre Tam et In Guezzam et Tam et Mouley Sidi Lahcène à même de sortir ces régions d'un enclavement qui n'a que trop duré… Tamanrasset n'est pas seulement cet espace d'envoûtement avec un coucher de soleil des plus magnifiques. C'est aussi une lutte permanente, notamment pour ces “Nordistes” venus du Tell affronter l'insurmontable jusqu'à risquer leur vie. On s'en est rendu compte très vite en allant à la rencontre des travailleurs de l'Entreprise de viabilisation de Sidi Moussa (EVSM) dans leur base vie à 300 km de Tamanrasset et à 150 avant d'arriver à In Guezzam en empruntant la route, nous étions tout heureux de profiter de la beauté de la région, un émerveillement plutôt fugitif eu égard à ce qui nous attendait.. Les quelques kilomètres de bitume ne durent pas et cèdent place ensuite à une piste chaotique faite du sable et beaucoup de poussière. Les arbustes croisés en cours de chemin, craquelants de vieillesse, ne sont pas uniquement des indices d'un temps plus clément mais complètement révolu tant l'aridité du désert est inexorable. Les nombreuses carcasses de voitures disséminées tout au long de la route révèlent la difficulté de ce trajet qui a été fatal à plus d'un, notamment au niveau de Laouni (tronçon de 150 km entre Tam et In Guezzam) et ce que les connaisseurs appellent “les quarante” et c'est aussi des kilomètres extrêmement dangereux que de nombreuses personnes n'ont pas pu traverser. “Il nous arrivait de passer la nuit à attendre que le sable refroidit pour pouvoir passer ces kilomètres”, nous raconte notre guide, parlant des nombreuses péripéties vécues en faisant ce trajet. Il se rappelle encore avec quelles grandes difficultés, les secouristes ont acheminé de l'aide à partir de Tam lors des inondations de 1997 qui ont emporté 60% de la ville de In Guezzam. 19 h tapantes, les chauffeurs des deux Toyota qui nous transportaient signent la fin de ce qui s'apparente à une véritable expédition. La base vie de l'EVSM paraît vide à première vue et donne l'impression que c'est une base fantôme où on n'entend que le souffle d'une tempête de sable qui commence. En somme, c'est au milieu de nulle part que plus de 100 travailleurs de l'EVSM, venus du Nord, s'emploient à réaliser un tronçon de 79 km dont le chantier et la station de concassage sont loin de la base, ce qui ne facilite guère la situation. Les travailleurs se reposent après une longue journée d'un dur labeur. Nous n'étions pas en meilleur état, la fatigue du voyage était fortement perceptible sur nous, peu habitués à une chaleur aussi torride. Notre arrivée s'est répandue dans la base telle une traînée de poudre, et cela semble ravir nos hôtes en cette veille du 1er Mai, Fête des travailleurs. Les responsables de l'EVSM (le P-DG, le directeur de la réalisation et le secrétaire général du syndicat, membre également du CP et du CA) ne pouvaient mieux choisir que de venir en ces lieux pour partager les festivités avec ceux qu'ils considèrent comme étant le “poumon de l'entreprise”. Comment peut-il en être autrement ! 90% des effectifs de l'entreprise, forte de 1 302 travailleurs, sont sur des chantiers de l'extrême sud. Entre des jeunes d'à peine 22 ans et leurs aînés forts d'une expérience de 16, 20 et 33 ans, le métier se transmet et suit l'espoir d'une vie meilleure. L'ambiance est d'ailleurs le reflet de l'esprit de famille qui règne à cet endroit où le dénuement est total et pour lequel une dose d'humour serait le meilleur remède. Ben Haoua, chef de projet, n'en manque pas et pourtant la rigueur dans le travail est toujours de mise. sa longue expérience lui permet une maîtrise incontestable de la situation, pas toujours évidente pour des éléments qui se retrouvent à travailler parfois sous une chaleur qui atteint les 55°. Et c'est cette même ambiance que nous avons trouvée à la base vie de l'EVSM, à Mouley Sidi Lahcène. Nous avons été accueillis par le jeune et dynamique chef de projet, Omar Zenigui, qui, nous dit-on, entre deux tempêtes de sable arrive à faire des miracles. La visite des responsables ne manque pas de remonter “le moral des troupes”, nous confie le jeune Fayçal qui ne dissimule pas son bonheur à la rencontre du très populaire Rabah Bouregaa, secrétaire général du syndicat de l'entreprise. Partout où nous sommes passés, celui-ci appelait chaque travailleur par son prénom sans oublier un seul et ils semblent bien le lui rendre cet élan d'affection à la façon dont on lui souhaitait la bienvenue. “Nos visites sur le terrain sont quasi permanentes pour être toujours très près des travailleurs et de la réalité de leur quotidien. Les décisions ne peuvent pas être toujours prises à partir des bureaux d'Alger. Ce serait inadmissible !”, soutient-il non sans exprimer une certaine amertume et pointe du doigt certains responsables au niveau des SGP Sintra. “Ils font preuve parfois d'une totale ignorance des spécificités concernant les entreprises relevant de leur portefeuille. Cela porte préjudice à ces entreprises au potentiel humain très important mais qui risquent, à long terme, l'asphyxie si l'on prend pas en considération certains paramètres”, a-t-il déploré. Abdelaziz Abdelatif, fraîchement arrivé au niveau de l'entreprise pour occuper le poste clé de directeur de la réalisation, plonge déjà dans la réalité du terrain et entend ramener un sang neuf à l'entreprise sans cesse en quête des meilleurs procédés pour s'assurer la performance. “Tous les travailleurs du plus ancien ou nouvel arrivé entendent participer, chacun à son niveau, à la construction de l'entreprise autrefois filiale de DNC”, a assuré pour sa part Nassima Drareni, responsable de la communication au sein de l'entreprise qui à son tour n'hésite pas à se lancer sur le terrain. Slimane Kebdi, chef d'antenne à Tamanrasset, en connaît un bout et tient absolument à mieux prendre en charge les allers et retours incessants des travailleurs. C'est le cas de Mourad Chahrat, directeur de maintenance et sa performante équipe qui, en sapeur pompier, s'arrange à ne jamais laisser les projets en rade. L'Ahaggar, Tamanrasset, Laskrem ! Des mots magiques qui évoquent de fabuleux paysages aux magnifiques sites aux sublimes richesses touristiques. C'est avec cette idée que nous sommes arrivés dans cette région. Tout reste à dire sur ces travailleurs venus du Nord défier Dame Nature… Dans les kilomètres de route réalisés à la sueur de leur front, ils ont inscrit, à la fois, la prospérité et la pérennité de leur entreprise. Des carrières évoluant au rythme de beaucoup de sacrifice à commencer par l'éloignement de leurs familles mais avec cette satisfaction d'insuffler la vie en ces lieux de dénuement total. N. S.