Cette démarche s'inscrit dans la série d'initiatives nées au lendemain de la présidentielle. Taleb Ibrahimi et Ahmed Djeddaï, - celui-ci représentait Hocine Aït Ahmed -, rejoints par le président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme Ali Yahia Abdennour et le général à la retraite, Rachid Benyelles ont signé, hier, au siège du FFS, une déclaration dans laquelle ils appellent les Algériens à rejeter les prochaines élections et à exiger un changement radical du régime. Dans cette déclaration, les signataires dressent un véritable réquisitoire contre le pouvoir qu'ils accusent d'illégitimité, d'incompétence, de mépris du citoyen et d'être à l'origine d'une catastrophe économique, politique et culturelle. Selon eux, le pouvoir était incapable de tirer le moindre enseignement de ses échecs, et tente maintenant d'isoler la Kabylie en lui prêtant des intentions séparatistes. Evoquant les élections, les signataires notent qu'après avoir verrouillé les champs politiques et médiatiques, le pouvoir veut se donner l'apparence d'un régime démocrate reposant sur un système électif. Intervenant, les signataires précisent que leur sortie politique n'implique aucun parti ou association. Le Dr Taleb Ibrahimi, qui affirme n'avoir jamais quitté la scène politique après l'interdiction de son parti, relève que le but de cette «alliance» est de constituer une opposition crédible. De son côté, le général Benyellès dément les rumeurs selon lesquelles il serait «le principal» médiateur entre l'armée et l'opposition, en indiquant que sa présence, obéit essentiellement à un souci de réflexion et à un engagement politique. Concernant les autres personnalités politiques contactées pour rallier le mouvement, le premier secrétaire du FFS, M.Ahmed Djeddaï, a affirmé que les contacts ont été établis avec les personnalités et qu'il est fort probable que la démarche soit élargie à d'autres responsables. Les initiateurs excluent cependant que ce mouvement recueille les responsables de partis qui ont déjà «opté» pour les élections comme l'ex-candidat à la présidentielle Djaballah ou le porte-parole du PT Louisa Hanoune. Pour ce qui est du pôle de l'opposition mené par Sadi, Ghozali, Benbitour et Chérif Belkacem, le premier secrétaire du FFS dira que des contacts ont été seulement pris avec Sid Ahmed Ghozali et que pour le moment ils n'ont pas abouti à une position claire. L'absence de Mokdad Sifi et de Mouloud Hamrouche s'explique, selon le représentant du FFS, par le temps de réflexion qu'ils veulent prendre, mais ils rejoindront probablement le mouvement dans les prochains jours. Les quatre personnalités ont réfuté l'idée d'une campagne pour la présidentielle et déclarent que le mouvement s'inscrit plutôt pour un après-30 mai. Le Dr Taleb Ibrahimi intervient quant à lui sur la question de la fraude électorale en déclarant qu'il y a au moins 1 million de voix dans les corps constitués et qui ne sont jamais contrôlées. Le leader du parti Wafa, visiblement touché par l'interdiction de son parti, a estimé, au sujet des partis qui participent aux élections, qu'il n'y a pas un pluralisme politique, mais des partis qui ont été créés pour servir d'agents du pouvoir. Quoi qu'il en soit, ce mouvement qui s'inscrit dans la série des impulsions démocratiques nées au lendemain de la présidentielle est appelé à s'estomper, s'il ne bénéficie pas de l'apport fondamental du peuple et surtout du soutien total de la société civile et de ses personnalités politiques.