Sans ambages, le tiers présidentiel se prononce pour un troisième mandat. La révision de la loi fondamentale continue de susciter maintes appréciations, même si le débat de fond reste encore à engager. Le soutien à un troisième mandat pour M.Bouteflika semblant acquis, reste maintenant à savoir dans quel sens ce sera fait et, surtout, quelle sera la qualité de la révision de la Constitution version 1996 et l'importance des amendements qui lui seront apportés. Va-t-on se limiter à l'abrogation de l'article 74 qui bloque l'option d'une troisième magistrature, comme le suggère le tiers présidentiel, ou allons-nous vers une réorganisation, de fond en comble, d'une loi fondamentale qui, sans doute, demandait à être actualisée. Les avis sont en fait partagés entre ceux qui sont pour le maintien de la Constitution dans sa mouture actuelle, ceux qui se suffiraient de la suppression de l'article mentionné plus haut, et ceux qui militent pour une révision en profondeur d'une loi fondamentale qui ne leur agrée pas totalement. M.Bouteflika lui-même, dès son accession à la magistrature suprême en 1999, n'a pas caché que la Constitution de 1996 ne le satisfaisait pas pleinement. On peut donc estimer qu'il y a consensus - même si les visions peuvent sembler divergentes - sur la nécessité de revoir la loi fondamentale. A ce moment, certes, il ne peut être fait l'économie d'un débat de fond sur le contenu à donner à la Constitution amendée. D'un régime présidentiel fort à un parlementarisme intégral en passant par tous les systèmes intermédiaires, le choix est large. Un régime présidentiel fort suppose un contre-pouvoir tout aussi fort jouissant de toutes les prérogatives dont l'archétype reste le régime présidentiel américain. De fait, le régime présidentiel est fondé sur le principe de la séparation des pouvoirs: l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Séparation qui assure l'équilibre du système politique. En revanche, dans un système parlementaire la collaboration des pouvoirs législatif (le Parlement) et exécutif (le gouvernement) est de rigueur. Dans ce régime, le gouvernement (Premier ministre), qui n'est pas élu directement, doit son pouvoir au soutien des députés du Parlement élus lors des élections législatives, dont le prototype reste la Grande-Bretagne. Dans un tel système, cela suppose l'existence d'un chef du gouvernement disposant de la plénitude des pouvoirs. Ce ne sont pas en fait les exemples qui manquent, comme en atteste le régime politique français fondateur de la Ve République où le pouvoir est partagé entre le président, le chef du gouvernement et l'Assemblée nationale. Il reste à faire le bon choix pour l'Algérie qui conforte les mutations engagées par le pays vers la démocratie. A ce moment, la question du nombre de mandats ne se poserait plus et l'alternance ira de soi, car elle serait l'un des fondements du pouvoir.