Maintenant, c'est fait. Le Président Bouteflika a dissipé les doutes quant au projet de révision de la Constitution. La loi fondamentale sera bel et bien amendée. Partiellement. Cet amendement ouvre la voie au chef de l'Etat pour se présenter à un troisième mandat. Le Président ne s'est pas prononcé publiquement et officiellement sur sa candidature. Il ne s'est pas prononcé, non plus, sur les articles qui seront amendés. Dans son discours prononcé, hier, devant les magistrats à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire 2008/2009, M.Bouteflika ne manqua pas, toutefois, de faire allusion à cette question. Le président de la République plaide ainsi pour «la stabilité, l'efficacité et la continuité». C'est le même discours que celui développé lors de sa candidature pour un second mandat en 2004. Avec le retour de la sécurité, le chef de l'Etat avait plaidé pour la continuité. La priorité a été accordée, lors de ce deuxième mandat, à la relance économique. Mieux encore, M.Bouteflika défend le principe selon lequel le peuple reste souverain de choisir ses gouvernants. L'enrichissement de cette Constitution «va permettre au peuple d'exercer son droit légitime à choisir ses gouvernants et à leur renouveler sa confiance en toute souveraineté (...)», a-t-il souligné. Allusion faite à l'amendement de l'article 74 relatif à la limitation des mandats, car l'actuelle loi stipule que le chef de l'Etat est rééligible une seule fois. Le locataire d'El Mouradia cherche, tout de même, à respecter ses engagements envers le peuple. Son objectif est de parachever le programme entamé le long de ces années. Dans le même contexte, le gouvernement s'est engagé, sur instruction du chef de l'Etat, dans un nouveau programme quinquennal. C'est sans doute là, la continuité évoquée par le chef de l'Etat. Par cette révision partielle, on aura recours aux dispositions de l'article 176 de l'actuelle loi fondamentale. Celle-ci stipule que «...le Président de la République peut directement promulguer la loi portant révision constitutionnelle sans la soumettre à référendum populaire si elle a obtenu les trois quarts (3/4) des voix des membres des deux chambres du Parlement». Mais le président fera appel au peuple pour s'exprimer sur la Constitution dans l'hypothèse, peu vraisemblable, où la révision n'obtient pas les trois quarts des voix des deux chambres. La composante actuelle des deux chambres écarte une telle éventualité. En effet, le FLN a été le premier à demander la révision de la Constitution et même un troisième mandat. Le RND, de son côté, a apporté le soutien conventionnel à cette procédure de révision de la loi fondamentale La troisième formation de l'Alliance, le MSP, maintient le suspense pour l'instant, mais il ne fait aucun doute qu'il fera le «bon» choix. Les connaisseurs de la ligne politique du défunt Nahnah avancent que le MSP maintient le suspense juste pour la forme. Reste certes à savoir, l'amplitude que le chef de l'Etat veut donner à cet amendement partiel de la Constitution.