L'ex-chef des enquêteurs de l'ONU sur les armes de destruction massive en Irak, a souligné le rôle de l'Algérie dans le domaine de la non-prolifération des armes nucléaires. Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a reçu hier à Alger, l'ancien chef des inspecteurs en désarmement de l'Irak, M.Hans Blix dans le cadre d'une visite de courtoisie. Sur quoi a porté l'audience accordée par le chef de l'Etat à M.Blix? «De la question du nucléaire, de son utilisation dans la production électrique et comment éviter la mauvaise utilisation du nucléaire», a confié l'ex-enquêteur de l'ONU. Les Etats-Unis d'Amérique à travers l'administration Bush soupçonnent fortement l'Iran de vouloir développer un programme nucléaire à des fins non civiles et de vouloir se doter de l'arme atomique. Sous la houlette du président américain, le Conseil de sécurité vole de résolution en résolution pour faire plier Téhéran et son tenace président Ahmadinejad. Les Etats-Unis cherchent-ils un médiateur dans ce bras de fer qui ne semble pas pour le moment tourner à leur avantage? «L'Algérie a un grand rôle à jouer, compte tenu de ses connaissances scientifiques dans le domaine du nucléaire et de sa position dans la médiation pour la non-prolifération de l'arme nucléaire», a confié à la presse M.Blix après l'audience que lui a accordée le chef de l'Etat. Le syndrome irakien est encore présent à l'esprit. L'armée américaine s'y est embourbée jusqu'au cou. Et elle en a certainement plein les bottes. «La guerre en Irak a montré que les moyens militaires n'étaient pas suffisants et qu'il fallait recourir aux moyens diplomatiques pour débloquer la situation», a fait constater l'ancien chef des enquêteurs de l'ONU en Irak. M.Hans Blix ne pouvait sans doute pas s'empêcher de penser à ce moment-là à la fameuse résolution 1441. Celle qui après deux mois de négociations ininterrompues et sans relâche a été adoptée le 8 novembre 2002. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait, ce jour-là, voté à l'unanimité en faveur du retour en Irak d'inspecteurs aux pouvoirs renforcés et étendus. La résolution devait obliger l'Irak à coopérer avec les Nation unies afin de procéder, de manière définitive, à l'élimination de ses armes de destruction massive. «Je demande à la direction irakienne pour le bien de son peuple et celui de la sécurité du monde, de saisir cette opportunité et de commencer ainsi à mettre un terme à l'isolement et aux souffrances du peuple irakien», avait fait croire à l'époque l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Six ans plus tard, le peuple irakien continue de souffrir plus qu'il n'a jamais souffert et sous occupation américaine. Les armes de destruction massive se sont avérées une superbe supercherie pour occuper l'Irak et mettre fin au régime baâssiste incarné par Saddam Hussein. Dans un livre écrit à ce sujet, M.Blix confie: «En entendant parler Colin Powell, en regardant les photos et en écoutant les bandes magnétiques qu'il nous présentait..., je me surprends à m'interroger sur leur authenticité. D'où venaient ces bandes? D'écoutes électroniques américaines? Des membres de l'opposition irakienne? Avant d'y voir la preuve d'armes de destruction massive, il allait falloir, je le sentais, en savoir plus long. Depuis l'occupation de l'Irak, je n'ai plus entendu parler de ces bandes...». L'expérience irakienne refroidirait-elle l'esprit va-t-en guerre qui a animé les administrations américaines successives, qu'elles soient démocrates ou républicaines? M.Blix lorgne du côté algérien pour que les leçons soient retenues à l'avenir. «Nous avons évoqué comment pouvoir trouver les opportunités nécessaires pour de nouvelles tendances sur le désarmement et de la manière d'éviter, à l'avenir, la prolifération nuisible du nucléaire», a souligné l'ex-chef des inspecteurs de l'ONU en Irak. Pour éviter certainement la prochaine catastrophe.