«La Charte n'aura aucune valeur sans l'accord des Parlements arabes et Assemblées législatives», ont précisé des académiciens. La Charte régissant la diffusion et la réception radiophoniques et télévisées par satellite dans la région arabe, n'est pas la bienvenue. Estimant qu'elle va restreindre davantage la liberté de ces chaînes de télévision et de radio, 34 organisations juridiques ont décidé de geler cette initiative adoptée au Caire par les ministres arabes de la Communication, il y a moins d'un mois. «En dépit d'une interdiction de l'offense faite aux régimes, le document affirme respecter la liberté d'expression et le principe de souveraineté nationale de chaque Etat.» Ce sont les propos des académiciens qui rejettent, dans le fond comme dans la forme, le document de cette nouvelle Charte. Ces propos ont été répercutés par le site de la chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera. Ce document, comportant 13 clauses, stipule que les médias par satellite doivent avoir la responsabilité de protéger les intérêts suprêmes des Etats arabes. Il autorise les gouvernements à annuler ou à suspendre la licence d'une chaîne qui viole les règles établies dans le document. Dans ce contexte, il convient de préciser que plusieurs chaînes ont été contraintes à mettre la clé sous le paillasson. En Egypte, deux chaînes El Baraka économique et El Hikma El Dinniya ont été fermées. En outre, le programme «90 minutes» qui organise des débats sur la lutte contre le terrorisme, est interdit de transmission. Dans leur message, les académiciens ont opposé leur niet catégorique à l'appel des 21 pays arabes ayant décidé de «museler» les chaînes satellitaires. Cet appel est rejeté d'une façon formelle. Energique. On pointe du doigt certains textes inclus dans la Charte. Ceux-ci sont jugés contradictoires. Les ministres arabes qui ont appelé à l'instauration des règles de transparence, garantissant le «droit du public à une information exacte», n'ont pas convaincu. Dans une déclaration commune, ces experts ont clamé, haut et fort, que «la Charte n'aura aucune valeur sans l'accord des Parlements arabes et Assemblées législatives.» Même si la Charte a été adoptée par une majorité d'Etats, l'accord suscite les critiques de plusieurs groupes de la société civile à travers le monde arabe. Ceux-ci dénoncent à l'unisson le contenu de la Charte qui réclame que les programmations doivent se conformer aux valeurs religieuses et éthiques des sociétés arabes. Les académiciens, comme mentionné dans le site d'Al Jazeera, ont insisté sur le droit de transmettre des informations selon la politique menée par une quelconque chaîne. Ils se sont référés au principe juridique selon lequel «il n'y pas de sanctions sans un texte juridique.» Par leur rejet, ces académiciens viennent de rejoindre la position du Comité arabe des droits de l'homme(Achr). Ce comité a fermement condamné la Charte du Caire. Dans un communiqué rendu public au lendemain de la réunion des ministres arabes de la Communication, l'Achr a prévenu contre cette tentative, menée pour assiéger les chaînes satellitaires pratiquant la liberté d'expression sous le prétexte de lutter contre les transgressions d'ordre moral. D'autre part, ce même communiqué a précisé que le document contient «des indications claires quant aux intentions...des régimes arabes de contrer les vagues dirigées contre eux en raison de la corruption et de leur mainmise sur les libertés individuelles et publiques.» Dans un autre contexte, il a été question d'appeler la société civile et les journalistes à «se lever fermement» contre la politique qu'il a définie comme une tentative de «ramener le secteur des médias arabes à une période qui existait il y a deux décennies.»