Le Syndicat national des éditeurs du livre (Snel) est confronté à sa première mise à l'épreuve. Les éditeurs du livre, ayant proposé leurs projets dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France et après un silence de plus de six mois, ont été surpris par la réception, mercredi dernier, d'une convocation émanant du commissariat, tard dans l'après-midi. Le commissariat y invitait les éditeurs concernés à se rendre hier, vendredi, à la Villa Pouillon munis des numéros de leurs comptes bancaires respectifs pour y signer des «conventions» qui prévoient l'achat par le commissariat de 16.000 exemplaires de chaque projet d'édition à hauteur des frais d'imprimerie, majorés de 35%. Le caractère précipité de cette opération «n'augure rien de bon», selon un éditeur concerné, qui ajoute que «ce que propose le commissariat est loin d'être profitable aux maisons d'édition. La majoration sur les frais d'imprimerie ne couvrent pas le reste des opérations d'édition et offre encore moins une marge bénéficiaire aux détenteurs des projets. Il n'est, d'ailleurs, laissé aux éditeurs aucun moyen pour discuter les détails desdites conventions.» Hier, dernière journée du 1er Salon national du livre, qui avait débuté le 07 avril, devait se tenir une conférence de presse de M.Smaïl Amezian, président du Syndicat (Snel), où il devait dresser le bilan du Salon. Avant cela, les membres du Syndicat devaient se réunir pour se prononcer sur la suite à donner à la convocation du commissariat. Selon notre interlocuteur, «le choix du commissariat de répondre aux propositions des éditeurs au dernier jour du Salon du livre cache une volonté d'instrumentaliser cette manifestation afin de convaincre l'opinion publique, par le biais du média lourd qu'est l'Entv, de l'engagement de l'Etat dans la préparation de l'Année de l'Algérie en France. Un traitement de l'information qui allait, inévitablement et traditionnellement, passer sous silence les détails pour ne garder que la portée de l'événement.» Ce qui indispose le syndicat. En effet, celui-ci ne veut pas être utilisé mais compte bien confirmer son caractère de force de propositions et son statut d'interlocuteur. A cet effet, l'option de boycotter la proposition du commissariat a été, lors de la rencontre des membres du Snel, au centre de la concertation. Si le syndicat venait à refuser l'offre des organisateurs de l'Année de l'Algérie en France, ces derniers seraient dans une délicate position et devront revoir les modalités de l'opération. C'est là une tentative de schématisation de la situation, mais laissons les coulisses faire leur travail. C'est d'ailleurs le seul qui compte.