Le métier de sage-femme fait peur, vu le nombre de poursuites en justice dont elles font l'objet. «Une sage-femme sur deux est poursuivie en justice en Algérie». C'est ce qu'a déclaré, hier, Akila Lhachemi-Kerouche présidente, de l'Union nationale des sages-femmes (Unsa), lors d'une conférence de presse tenue au forum d'El Moudjahid portant sur le statut de la sage-femme en Algérie. La mortalité et les blessures des bébés pendant l'accouchement ainsi que la dégradation de l'état de santé de la mère sont les motifs qui poussent les familles à se plaindre des sages-femmes auprès des autorités. Un nombre non négligeable de plaintes déposées a permis l'application de sanctions allant jusqu'à cinq années de prison ferme, selon l'intervenante. Cette situation est préoccupante puisqu'elle fait du noble métier par lequel elle contribue à la naissance d'un être humain, un métier à risque. Les bachelières hésitent à opter pour cette spécialité lors du choix des filières. Pis encore, il existe des sages-femmes diplômées qui se sont reconverties à d'autres métiers par peur «d'être emprisonnées» un jour. «Les accidents font partie du métier» explique la conférencière. «Il est vrai que des enfants meurent ou vivent avec des handicaps, mais on fait aussi naître des enfants en toute santé», a-t-elle ajouté. Il faut reconnaître, par ailleurs, qu'il est difficile de blâmer une mère qui réclame justice à son enfant mort ou condamné à un handicap à cause de l'erreur d'une sage-femme. En outre, ce qui est préoccupant, c'est qu'il sous-entend que la moitié de nos sages-femmes commettent des erreurs dans l'exercice de leurs fonctions, ce qui est grave tout de même. Sur un autre volet, la présidente de l'Unsf a affirmé que «les syndicats autonomes cherchent à nous manipuler». Mme Kerouche s'est carrément attaquée à ces organisations qui, selon elle, se contentent de revendiquer des augmentations de salaires sans se préoccuper des statuts des fonctions qu'ils représentent. Plus explicite, elle a affirmé que «les sages-femmes n'ont rien à voir, ni avec le Snapap ni avec aucune autre organisation de paramédicaux». Le recours à la grève est écarté par l'organisation, résidente de l'Unsa. La devise de son organisation, si l'on tient compte de ses propos, est la communication et les propositions. «Nous sommes écoutés et reconnus par la tutelle», a-t-elle tenu à souligner. S'agissant du statut particulier des sages-femmes, l'Unsf et le syndicat créés par son biais, ont déjà élaboré un projet de loi le concernant. Le travail sur le projet a coûté plusieurs mois à ses auteurs parmi lesquels figure un représentant du ministère de la Santé. Lequel travail a débuté l'été dernier. Tous les problèmes et les revendications de la sage-femme algérienne on été pris en compte dans l'élaboration du nouveau statut proposé par l'Union et le Syndicat des sages-femmes algériennes.