La commune de Maâtkas comprend plus d'une centaine de villages et autant de hameaux. Tous ces villages et hameaux sont reliés au réseau électrique et possèdent l'eau courante quand elle est disponible. Mais le problème est dans le devenir des jeunes gens qui n'ont rien d'autre que l'espoir de trouver un jour le moyen d'aller vers ailleurs, un ailleurs assimilé à l'éden. Faire comme les pères, traverser la mer, semble difficile puisque toutes les demandes formulées auprès du consulat s'achèvent -le plus souvent- par une fin de non-recevoir. S'adosser aux murs, attendre une grâce du ciel et peut-être une intervention divine, voilà, en fait, en quoi se résume le présent de ces jeunes. Si, à Souk El Khemis, le chef-lieu de commune et de daïra, les jeunes peuvent avoir accès au monde grâce à Internet, ailleurs, le temps semble suspendu. Si on jette un regard vers les années 40, on a en mémoire les bandits d'honneur tels Moh Abouchikar, Hocine Adjab, ou encore Oumeri qui a établi son quartier général à l'ex-gare de Maâtkas et son équipe tel Hadj Ali Mohed Arezki ou Ahcène Ou Asmane et Si Saïd Babou...qui faisaient oublier les rigueurs de la colonisation en aidant les pauvres gens. Maâtkas est, aujourd'hui, une des communes les plus déshéritées du pays alors qu'elle a été durant l'épopée libératrice un des hauts lieux de la Révolution. Qui ne se souvient de Takheribt ou encore d'Afir et de Souk El Khemis. Si pour le premier village, les moudjahiddine de la première heure savent ce qu'est le cocon populaire, Afir a connu les actions militaires de l'occupant telles que les opérations «Pierres précieuses» et «Jumelles» avec comme point d'orgue, à cette époque, à Souk El Khemis, le «sergent burnous», de sinistre réputation. Maâtkas est, depuis, une daïra qui a eu à connaître les délices de l'Indépendance mais aussi les aléas du sous-développement. Aujourd'hui, la daïra ne recense aucune réalisation industrielle, ni fabrique ni autre lieu pour employer ces centaines de jeune bras qui n'ont même pas un stade où se dépenser. Les jeunes sont tout le temps à Tizi Ouzou tentant d'échapper à la morosité ambiante en se connectant à Internet dans les cybercafés du chef-lieu de la wilaya ou en tapant dans un ballon dans un quelconque espace. De Takheribt à l'extrême nord de la commune d'Ighil Bouaklane et Souk El Khemis à l'ex-gare de Maâtkas, la situation des jeunes est des plus précaires. L'espoir, pour la plupart de ces jeunes, est de trouver un emploi pas loin de la maison, mais cela reste un rêve. L'agriculture est tout simplement une idée en ces coteaux schisteux et ingrats et l'industrie une vue de l'esprit. Partir ailleurs ou...tuer le temps? That is the question!