Ils sortent de leur réserve pour crier leur désarroi. La situation du secteur du bâtiment et des travaux publics et hydrauliques à Béjaïa n'est pas aussi reluisante qu'on peut le penser et ce ne sont pas les opérateurs activant et agissant dans ce secteur qui vont nous contredire. Leur sortie médiatique témoigne d'un malaise né pour l'essentiel de certains facteurs qui touchent de plein fouet l'activité patronale. Après avoir tenu par deux fois de suite des réunions avec les élus locaux et l'administration locale, les patrons de Béjaïa, regroupés sous la coupe de la Confédération algérienne du patronat (CAP), sortent de leur réserve pour crier leur désarroi et pour porter à la connaissance de l'opinion publique et des hautes autorités de l'Etat leurs préoccupations. Réunis le 12 mars 2008 pour évaluer la situation du secteur, l'ensemble des entrepreneurs et des promoteurs immobiliers ont relevé, par la voie de la Fédération du Btph, la nécessité de soulever des revendications qu'ils ont consignées dans une plate-forme de revendications adressée au chef du gouvernement. Du déplafonnement du coût de cession du logement LSP à la publication des indices de révision des prix trimestriellement, en passant par le réajustement des prix des marchés publics par l'application d'un coefficient forfaitaire avec effet rétroactif à partir de janvier 2008 et l'indexation des indices de révision sur les prix réels du marché, sont autant de points qui préoccupent les patrons du bâtiment. Afin d'appuyer leur plate-forme de revendications, ils ont retenu en signe de protestation, un arrêt des chantiers du 22 au 26 mars 2008 par l'ensemble des opérateurs du secteur. Cela à côté d'une lettre ouverte au président de la République pour non seulement le tenir informé de la situation mais aussi pour lui demander d'intervenir pour des solutions idoines. A Béjaïa, le bâtiment va mal et lorsque les opérateurs qui y interviennent directement travaillent à perte, la coupe déborde pour donner lieu à une situation de marasme qui, non seulement provoquera du retard pour la wilaya de Béjaïa mais aussi freinera considérablement le programme quinquennal du président de la République. A Béjaïa, le prix d'un logement revenait en 2007 à 1.450.000,00DA. Un prix qui ne comprend pas les coûts du terrain, l'étude, le CTC, le Lnhc et les garanties. Le même logement est passé en mars 2008 à 2.037.000,53DA pour être cédé à 2.000.000,00DA. Il s'agit d'une augmentation de près de 41% induite essentiellement par la flambée des prix du ciment et du rond à béton. C'est pourquoi les revendications patronales avec des interrogations, par ailleurs, sur le pourquoi de «l'exceptionnalité» de Béjaïa quant au prix de cession du logement LSP. Pendant que dans 7 wilayas le prix de cession d'un logement LSP est passé à 2.500.000,00DA alors qu'à Béjaïa il a gardé l'ancienne valeur de 2.000.000,00DA. Une autre «injustice», disent les patrons, sachant que l'immobilier et le foncier à Béjaïa connaissent une flambée sans précédent. Les indices de révision des prix sont restés les mêmes depuis le premier trimestre 2005. Autant d'insuffisances qui se répercutent négativement sur l'activité du bâtiment en particulier et sur les travaux publics et hydrauliques en général à Béjaïa. Un secteur qui appelle une intervention rapide des pouvoirs publics afin d'éviter le pire, à savoir le retrait pur et simple des opérateurs avec tout ce que cela induirait sur le plan du développement et social. L'arrêt des chantiers et la mise au chômage des milliers d'ouvriers ne sont pas un risque à prendre. Chose trop risquée lorsqu'on sait que les pouvoirs publics locaux ont souvent invoqué le manque d'entreprises pour la concrétisation des projets de développement au niveau de la wilaya.