Les autorités du pays ont le droit de protéger les Algériens des campagnes d'évangélisation. Le pape Benoît XVI serait derrière la campagne menée par l'Eglise d'Alger contre la loi sur la pratique des cultes pour les non-musulmans, décrétée par le gouvernement algérien en 2007. Le président du Haut conseil islamique (HCI) M.Cheikh Bouamrane a affirmé jeudi, sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale, que les «contestations soulevées par l'archevêque d'Alger, Henri Tessier, obéissent aux orientations du Vatican». Sur sa lancée, il affirmera que le pape Benoît XVI suit personnellement ce dossier. Il aurait demandé dans ce sens à l'archevêque d'Alger de saisir le ministère des Affaires religieuses et les autorités concernées sur cette question. Une démarche que Monseigneur Teissier a exécuté en remettant, dernièrement, une lettre à Bouabdallah Ghlamallah exprimant son inquiétude face «aux tracasseries qui ciblent l'Eglise». Le phénomène de l'évangélisation qui défraie la chronique depuis quelques mois a été largement débattu avec le président du HCI. Ce dernier s'est dit «très étonné» par «les réactions démesurées» qu'ont suscitées ladite loi et les mesures entreprises par les autorités pour contrer le prosélytisme. «Je suis extrêmement choqué par le tapage médiatique menée par la presse occidentale au nom des libertés des cultes», a regretté Cheikh Bouamrane. Paradoxalement, ajoute-t-il «on n'a pas assisté à la même campagne quand la France a interdit le port du voile islamique à l'école». Bouamrane a réitéré que la loi sur la pratique des cultes pour les non-musulmans ne vise en aucun cas les chrétiens: «Les autorités du pays ont le droit de protéger les Algériens des campagnes d'évangélisation.» Quant aux chrétiens, ils auront la possibilité de pratiquer leur culte dans un cadre légal défini par la loi. Notons que la Fédération protestante de France (FPF) s'était inquiétée pour sa part de la situation des chrétiens en Algérie et particulièrement de celle des protestants «victimes d'une campagne de dénigrement», dans un communiqué diffusé le 4 mars à Paris. Les évêques d'Algérie, de leur côté, ont réclamé l'annulation de la décision des autorités sommant l'ancien président de l'Eglise protestante d'Algérie, Hugh Jonhson, de quitter le pays suite à une décision de justice. Le conférencier s'est joint au ministre des Affaires religieuses qui avait récemment qualifié les évangélistes de «hors-la-loi», affirmant que leur objectif était de constituer «une minorité pour favoriser l'ingérence étrangère dans les affaires internes de l'Algérie». Cheikh Bouamrane atteste que cette campagne a des arrière-pensées «colonialistes», rappelant que selon les derniers chiffres communiqués par les Affaires religieuses, l'Algérie compte seulement 11.000 chrétiens, toutes obédiences confondues, en majorité catholiques, sur 33 millions d'habitants. Interrogé sur le dialogue inter-religieux ou le dialogue des civilisations, le président du HCI fait un constat sobre: «Il ne peut y avoir un dialogue sous les bombes.» «Peut-on parler d'un dialogue sérieux au moment où des guerres sans merci sont menées par l'Occident contre les Palestiniens, les Irakiens et les Afghans?» s'interroge-t-il. Est-il possible de dialoguer quand les musulmans sont «étiquetés d'extrémistes»? conclut-il. Enfin, l'invité de la Chaîne II est revenu sur la conférence internationale qui sera organisée sous l'égide de son institution les 23 et 24 mars. Il a souligné que l'objectif principal est de proposer des solutions pour une meilleure prise en charge de cette tranche de la société.