La messe semble être dite. Sidi Saïd sera triomphalement reconduit à la tête de la Centrale. Il faudrait un séisme de très grande magnitude pour que l'on se dirigeât vers une autre désignation que celle de l'actuel secrétaire général à la tête du plus vieux syndicat algérien qui a vu le jour pendant la guerre de Libération nationale en 1956. Sidi Saïd sera donc reconduit en toute logique à la tête de l'Ugta. Qui d'ailleurs pourrait le concurrencer ou lui barrer la route. Salah Djenouhat, le très dynamique secrétaire national à l'organique? De nombreux observateurs voyaient en lui et continuent d'ailleurs à voir en lui le dauphin tout désigné de l'actuel patron de l'Ugta. Salah Djenouhat, après avoir occupé pendant un moment la scène médiatique semble avoir jeté l'éponge. A moins qu'il ait, et cela reste l'hypothèse la plus vraisemblable, obéi à une certaine discipline interne. De toutes les façons, il a écarté lui-même sa candidature puisqu'il a déclaré que «Si Sidi Saïd se représente, je me retirerai.» Qui d'autre alors? Amar Mehdi? Le sénateur du tiers présidentiel, semble être rentré dans les rangs et hors course pour ce rendez-vous. C'est en toute apparence un vrai vent de consensus qui semble souffler sur la place du 1er-Mai. La paix des «braves» a bien eu lieu même si quelques coups de canif ont dû être bien nécessaires pour remettre de l'ordre dans la maison. L'Union générale des travailleurs algériens est plus que jamais à la croisée des chemins. Et d'ailleurs, n'est-il pas attendu une révision de ses statuts lors de ce XIe congrès. Assisterons-nous donc à un toilettage en profondeur de la Centrale syndicale? Verrons-nous de nouvelles têtes apparaître? Le syndicat subira-t-il sans conséquences, le lifting tant attendu? L'image qui est renvoyée par l'Union générale des travailleurs algériens est celle d'un syndicat usé, voire sclérosé dont la vision est dépassée. Il est apparu comme un anachronisme dans le paysage politique. Organisation de masse par excellence, il fût nécessaire et incontournable au Front de libération nationale post-indépendance pour populariser son action. Leur sort a été étroitement lié et dans un terrible mano à mano, il a incarné, jusqu'au-boutiste, la pensée unique qui a caractérisé le FLN. Avec l'arrivée du multipartisme et les événements d'octobre 88 qui l'ont provoqué, le Front de libération nationale a dû s'adapter au nouveau paysage politique après une traversée du désert de plus d'une dizaine d'années. Il fut sérieusement concurrencé par le Rassemblement national démocratique (RND) pour revenir ensuite au pouvoir et former ce pôle politique appelé Alliance présidentielle, FLN, RND et MSP. Ce n'est malheureusement pas la cas de l'Union générale des travailleurs qui n'a pas su prendre, ou n'a pas voulu prendre le recul nécessaire pour appréhender la situation nouvelle du syndicalisme algérien. Ce ne sont pas des voix qui ont manqué de s'élever pourtant. En octobre 2005, lors d'une réunion tenue à Alger, Ahmed Badaoui alors secrétaire général des douanes avait déclaré: «Il est temps de revendiquer une véritable réforme de l'Ugta. Nous n'appelons pas à une scission, mais au renforcement des rangs grâce aux syndicalistes honnêtes et intègres qui existent encore au sein de l'organisation.» C'était à la veille du 50e anniversaire de la création de l'Ugta. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. L'hégémonie de l'Ugta a été battue en brèche par un syndicalisme plus «agressif» incarné par les syndicats autonomes de la Fonction publique. La Centrale syndicale qui vient d'investir ce «créneau» en créant le Syndicat national des enseignants universitaires, a promis de conférer une dynamique à l'action syndicale en Algérie. Pour «consacrer les principes de la démocratie et du pluralisme», a souligné Sidi Saïd. Dont acte.