Grâce à la télé, nous découvrons que des opposants responsables existent dans notre pays. Notre télé nationale peut être critiquée à longueur d'année par des esprits enclins aux raccourcis, pour ne pas dire qui manquent de profondeur, elle nous apporte plus qu'aucune autre télé dans la découverte de nos valeurs nationales. Après les représentants de partis politiques, elle étend ses invitations à nos hommes politiques sans appartenance d'appareils. Vendredi dernier, l'invité de l'émission «Ousboue el-Djazaïr» a ravi les téléspectateurs par la clarté de ses idées, par la construction de son argumentaire qui laisse deviner une grande culture politique, mais surtout et pour la première fois - grâce à la télé - nous découvrons que des opposants responsables existent dans notre pays. Habitués que nous sommes à assister aux surenchères d'opposants qui critiquent tout et n'importe quoi, qui «tirent à boulets rouges» sur les institutions du pays pour «être dans le vent» de la contestation ambiante. Des pyromanes incultes dont on doit supporter la risée qu'ils nous infligent au regard des observateurs étrangers. Abdeslam Ali Rachedi, puisque c'est de lui qu'il s'agit, se révèle être un homme politique accompli et d'une envergure certaine. On peut ne pas être d'accord avec ses idées, mais l'homme force le respect tant il aborde tous les sujets avec cohérence, maturité et un sens élevé de la notion d'Etat. L'ancien compagnon d'Aït Ahmed, en quittant le FFS, a gardé intactes ses convictions qu'il assume avec force. A une question sur la plate-forme d'El-Kseur, Abdeslam Ali Rachedi expose clairement les limites qu'elle comporte: «On ne peut exiger de régler localement des problèmes à dimension nationale», après avoir défendu la préservation de l'unité nationale lorsque des relais entrent en action pour faire entendre une voix qui «exige l'autonomie de la kabylie». Si Abdeslam Ali Rachedi rappelle qu'il a voté pour la concorde civile, c'est pour mieux appuyer son opposition à la «grâce amnistiante». «La grâce, oui! l'amnistie, oui! Mais pas l'amalgame des deux.» Pour la simple et bonne raison que notre Constitution ne prévoit pas ce cas de figure. Légaliste pointilleux, il s'insurge contre ceux qui «demandent à l'armée d'intervenir dans la vie politique» et se déclare de ceux qui jugent indispensable que «le mandat du Président de la République soit mené jusqu'à son terme», en précisant que «c'est cela d'abord et avant tout un Etat de droit». Là où il n'est plus d'accord, c'est lorsque «la loi organique est ignorée notamment en prolongeant le délai de dépôt de candidatures» des prochaines législatives, «contrairement aux dispositions de l'article 110», précise-t-il. Précision qui a l'air de prendre de court l'animatrice qui préfère «bifurquer» sur la médecine payante. Sur ce sujet, Abdeslam Ali Rachedi insiste sur l'aspect social de la mesure: «Nous ne devons pas retourner à la carte d'indigents de triste mémoire de la colonisation. De plus, la médecine gratuite n'est pas incompatible avec une économie libérale. Voyez la Grande-Bretagne ou le Canada .Elle y est maintenue en toute harmonie!» Deux exemples inattendus qui finissent par «désarçonner» l'animatrice visiblement plus «coriace» avec des invités «cafouilleux» qu'avec de fortes personnalités. Et de tenter une «sortie» sur la mondialisation sur laquelle l'invité fait une nette distinction entre ses deux versions. Il marque son adhésion à «la mondialisation solidaire» d'où est banni le chacun pour soi . «Il faut savoir tendre la main pour secourir son prochain. La solidarité est seule garante d'un monde à visage humain», prévient-il. C'est un homme d'une modestie qui dénote toute son intelligence, qui avoue ses appréciations erronées au début de sa carrière politique. «Depuis, j'ai appris», précise-t-il. Ce qui est vrai. Ceux qui ne le savaient pas avant l'émission ont été édifiés. L'Algérie a réellement besoin d'hommes politiques de la trempe de Abdeslam Ali Rachedi. Une richesse nationale. Pour faire bonne figure aux yeux de la planète.