Le rendez-vous de Khartoum, marqué par de nombreuses défections, semble avoir beaucoup plus divisé que rassemblé les dirigeants arabes au point où la prochaine réunion n'a pu trouver de terre d'accueil. Dans son intervention au nom du roi Abdallah d'Arabie Saoudite, le ministre saoudien du Travail, Ghazi Qoussaïbi, hier, lors de la séance de clôture du sommet arabe de Khartoum, a annoncé que son pays renonçait à organiser la réunion des chefs d'Etat arabes prévue en 2007 à Riyad, conformément aux dispositions statutaires de la Ligue arabe. En effet, les sommets arabes ordinaires se déroulent annuellement dans un des pays membres, selon l'ordre alphabétique arabe. Lorsque le pays concerné décide de passer son tour, la conférence se déroule au Caire, au siège de l'Organisation. “L'Arabie Saoudite s'excuse de ne pouvoir inviter le sommet arabe en 2007”, a affirmé le représentant du souverain saoudien. Cette décision ne peut être perçue que comme un signe de dispersion des rangs arabes à l'issue de cette dix-huitième réunion, où le nombre de chefs d'Etat absents a presque atteint la moitié des membres. Les analystes ont expliqué ces défections par le refus de certains rois, émirs ou présidents de verser dans la polémique à Khartoum. Ceci étant, le sommet a été l'occasion d'adopter de nouvelles résolutions qui ont de fortes chances de rester sans lendemain, comme ce fut le cas auparavant, notamment sur la question de l'aide financière à apporter au peuple palestinien. En effet, sur ce plan, à l'exception de rares pays, dont l'Algérie, qui versent régulièrement leurs cotisations, le déficit est considérable. Les présents dans la capitale soudanaise ont adopté une série de résolutions se rapportant notamment au rapport de la présidence du sommet sur la mise en œuvre des décisions du sommet d'Alger et à celui du secrétaire général de la Ligue sur l'action arabe commune. Des résolutions au sujet de la situation en Palestine et en Irak ainsi qu'à l'occupation, par l'Iran, des trois îles émiriennes, ont été également adoptées. Les moyens de promouvoir la paix et de relancer le développement au Soudan ont été examinés aussi par le sommet qui a adopté, par ailleurs, des résolutions sur le projet de déclaration portant élimination des armes de destruction massive (ADM), notamment l'arme nucléaire, de la région du Proche-Orient, ainsi que sur le soutien à apporter à la République de Somalie et à la République unie des Comores. La promotion de la coopération arabo-africaine, arabo-européenne, arabo-chinoise et arabo-américaine, à la création d'un organisme arabe de l'environnement et au développement de la recherche scientifique et technologique, ont aussi fait l'objet de résolutions. En somme, le sommet de Khartoum a épuisé tout son ordre du jour et a renouvelé la confiance, à l'unanimité des membres de la Ligue arabe, au secrétaire général, l'Egyptien Amr Moussa. C'est à croire qu'il n'existe pas la moindre divergence sur toutes les questions, alors qu'il suffit de faire le point sur le nombre des absents pour s'apercevoir que le consensus était loin d'être au rendez-vous. Encore une fois, l'aphorisme “les Arabes se sont mis d'accord pour ne jamais s'entendre” s'est vérifié, au grand dam des peuples arabes. K. ABDELKAMEL