«On est passé d'un projet d'union à une union de projets à géométrie variable», a précisé l'ambassadeur d'Algérie en France. L'ambassadeur d'Algérie en France, M.Missoum Sbih est revenu hier, sur le projet de l'Union méditerranéenne lors d'une rencontre organisée par une institution non gouvernementale, «Le forum de Paris.» Laconique, le chef de la mission diplomatique en France a déclaré, d'emblée, que ce projet doit être «autre chose qu'un Barcelone II». Des enseignements utiles semblent être tirés du Processus de Barcelone. Les rapports entre l'Europe et les pays du sud de la Méditerranée devraient se traduire, aux yeux de M.Sbih, par une véritable valeur ajoutée d'une portée politique sans commune mesure avec tout ce que l'Union méditerranéenne pourrait apporter, par rapport à ce Processus. Ils illustrent «les causes profondes, les raisons évidentes ou inavouées pour lesquelles le Processus n'a pas répondu complètement aux attentes». Abordant la question de la mobilité des personnes dans l'espace euro-méditerranéen, le diplomate algérien a usé d'un langage ferme. «On ne peut plus, comme le faisait le Processus de Barcelone, continuer à prôner la libre circulation des biens, des capitaux et des services et multiplier, en même temps, les restrictions à la circulation des personnes», a-t-il précisé lors de son intervention en séance plénière. Missoum Sbih a, dans cette optique, critiqué la politique de «l'immigration choisie» prônée par la France. En guise d'argument, M.Sbih a estimé que le fait de considérer comme essentielle la recherche par la France de la maîtrise des flux migratoires auxquels elle est confrontée, constitue en soi une démarche qui sous-estime «la sensibilité des opinions publiques de la rive Sud de la Méditerranée, qui ont forcément une perception négative de ce message.» L'ambassadeur d'Algérie ne croit pas en l'aboutissement du projet de l'Union méditerranéenne, qui a pourtant fait couler beaucoup d'encre. En termes plus clairs, M.Sbih y voit le résultat «d'un accord exclusivement négocié entre pays européens.» Et de noter qu'«on est passé d'un projet d'union à une union de projets à géométrie variable.» Le diplomate algérien a estimé que «la dimension humaine, c'est avant tout la relation entre les peuples des deux rives de la Méditerranée sans l'adhésion desquels, il est vain de prétendre construire une destinée commune». S'agissant de la politique européenne d'immigration vue comme un moyen de contenir les flux migratoires, M.Sbih a suggéré une conception différente fondée sur le principe de solidarité. Son objectif majeur doit viser, a souligné l'ambassadeur, à «réduire drastiquement l'écart de développement entre les pays des deux rives et donner enfin un contenu concret à la notion de prospérité partagée, une des vaines ambitions du Processus de Barcelone», a-t-il poursuivi.