L'information d'une manière générale, l'information politique en particulier, a de tout temps constitué le talon d'Achille du média national. Le parti islamiste sort de sa léthargie et interpelle le gouvernement quant à la fermeture des médias lourds aux formations politiques. Cette interpellation est pertinente dans le fond bien qu'elle soulève des interrogations dans la forme, du fait même que le MSP, membre de l'Alliance présidentielle, n'a pas semble-t-il observé, en l'occurrence, la réserve à laquelle il semblait être tenu. Cela dit, l'information participe du fait politique et son contrôle constitue un des enjeux du gouvernement et des partis politiques. Or, ces derniers ne trouvent pas leur compte dans la manière dont est, actuellement, distribué l'accès à l'information politique. Cela est d'autant plus évident que le pouvoir n'est plus seul à produire cette information. Dès lors, se pose en termes cruciaux l'accès à la télévision et aux médias lourds d'une manière générale. Faute de pouvoir s'exprimer sur la chaîne nationale de télévision, nombre de politiques algériens ont recours aux chaînes satellitaires pour dire ce qu'ils n'ont pas le loisir d'exprimer sur l'unique chaîne de leur pays. Ce qui est, à tout le moins frustrant, pour des hommes qui aspirent à jouer un rôle dans la construction de la démocratie en Algérie. Cette situation semble aujourd'hui indisposer le parti de Bouguerra Soltani qui a réagi en interpellant le porte-parole du gouvernement par sa représentation parlementaire à l'APN. Ainsi, l'absence de débats politiques télévisés suscite l'ire du MSP. A l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, prévue le 3 mai prochain, la formation de M.Soltani revient à la charge. Le groupe parlementaire interpelle le ministre de la Communication à ce sujet. Dans une copie parvenue hier à la rédaction du journal, le groupe parlementaire interpelle ainsi M.Boukerzaza sur l'embargo qu'observe l'Unique sur les sujets politiques. «Le recours à des chaînes étrangères est devenu une pratique courante de la classe politique algérienne pour s'informer et suivre les débats politiques», constate le président du groupe parlementaire, M.Isad Ahmed.Pourquoi cet engouement pour les chaînes satellitaires? s'interroge-t-il en prenant le soin de répondre, pour dire tout simplement que la Télévision algérienne boude les sujets politiques et la classe politique en général. Mis à part quelques flashs d'information et des émissions programmées lors des consultations électorales, le canal est totalement fermé aux partis politiques. Or, la révolution technologique a rapproché davantage la relation entre les politiciens et la société et les chaînes TV permettent aux responsables politiques de jouer un rôle éducatif et constructif dans l'orientation et la sensibilisation des générations. Partant de cette réalité, M.Isad a jugé utile d'adresser une question orale au premier responsable du secteur: «Quand la Télévision nationale va-t-elle s'ouvrir sur la société et à la classe politique? Pourquoi vous obligez le citoyen et la classe politique à suivre les programmes des chaînes étrangères au moment où l'Unique s'occupe des questions qui ne reflètent pas notre société?», demande M.Isad. Les parlementaires du MSP lancent, à travers cette requête, un appel pressant aux pouvoirs publics, les invitant à mettre fin à cet embargo. Le réquisitoire dressé par la formation islamiste met en évidence la problématique. Il faut reconnaître qu'à l'exception des flashs d'information, les sujets politiques ne figurent guère dans la grille des programmes. Preuve en est, les représentants des partis politiques ne sont invités sur les plateaux de la Télévision nationale que lorsqu'il s'agit de la période pré-élections locales ou nationales.