Les femmes semblent en passe de renverser les valeurs du marché de travail. Plus de 64% des bénéficiaires de prêts de l'Agence nationale de la gestion du microcrédit (Angem) sont des femmes. Le marché du travail algérien subit une révolution... féminine. Après l'éducation, la santé et la justice, les femmes veulent aussi accaparer le monde des affaires. La rivalité entre les deux sexes fait rage. Ils sont de plus en plus nombreux, les hommes à se plaindre de la concurrence féminine dans le monde du travail. 64% de femmes ont bénéficié des microcrédits de l'Angem contre 35% pour les hommes. Une preuve que les valeurs changent. Le directeur d'étude de l'Angem explique cet écart par la nature des crédits demandés par les femmes. Celles-ci, selon lui, préfèrent emprunter de petites sommes. «Elles n'aiment pas prendre de grands risques», souligne-t-il. Doucement mais sûrement. Ce qui explique le secret de leur réussite. L'Angem accorde des microcrédits allant de 30.000 à 400.000 DA. Les conditions pour bénéficier de ces financements sont simples. Il suffit de disposer d'un certificat prouvant que le demandeur est au chômage ou détenteur d'un revenu non stable (vacations et préemploi). Il faut être âgé d'au moins 18 ans. Un diplôme ou un titre reconnu dans le domaine de l'activité projetée peut être exigé, en outre. En guise de solution pour les demandeurs qui ne disposent d'aucun diplôme, l'Angem a signé des conventions avec des centres de formation. Les demandeurs en question sont orientés vers ces centres pour se former dans les activités dans lesquelles ils veulent investir. L'organisation est représentée par des bureaux et des annexes à travers le territoire national. Ces prêts permettent de soutenir l'auto-emploi, le travail à domicile et les activités artisanales. Les petits crédits sont octroyés directement par l'agence. Ceux-ci ne prennent pas beaucoup de temps. Quelques semaines seulement. Quant au crédit plus important nommé crédit triangulaire, son accord prend plus de temps. Ce sont les démarches auprès des banques qui perdurent. L'Angem a satisfait jusqu'à présent, quelque 40.980 demandes dans la cadre du financement mixte (les petits crédits qui ne demandent pas l'intervention des banques). Quant au crédit triangulaire (qui implique les banques), leur nombre est nettement inférieur au précédent. Il est estimé à 1801. Celui-ci, tel qu'expliqué plus haut, prend du temps. Les principales activités où une importante demande est enregistrée sont l'agriculture, l'industrie, le bâtiment et les travaux publics, l'artisanat et les services. L'artisanat semble intéresser une bonne partie des demandeurs. Il sont estimés à plus de 40.000. Cette activité représente environ 35% des demandes. Ce sont les services, l'agriculture, l'industrie et les travaux publics qui occupent dans l'ordre, 27%, 25%, 8% et 4%. Si l'artisanat occupe la première place, c'est parce que cette activité peut être exercée à domicile. Le problème du local ne se pose pas dans ce cas. La même explication inversement est valable pour les secteurs de l'industrie et des services. Par ailleurs, M.Houari nous a assuré que les portes de l'Angem sont grandes ouvertes aux demandeurs et que son organisme est apte à recevoir encore plus de demandes. Le microcrédit est une opération relativement récente en Algérie. C'est vers la fin des années 90 que l'Etat algérien a décidé d'adopter ce genre de mécanisme pour créer des activités économiques parmi les rangs défavorisés. Le passage du système socialiste à l'économie de marché a eu un impact négatif sur la société. Le taux de chômage avait augmenté et la pauvreté de même. La prise de conscience de la dégradation du niveau de vie d'une large tranche a poussé l'Etat à créer un organisme susceptible de soutenir les familles nécessiteuses. C'est l'Agence de développement social (ADS) qui s'est chargée du programme du microcrédit à cette époque. Quelque années plus tard, vu que cette structure n'a pas réussi à voler de ses propres ailes, la mission de la gestion du microcrédit lui été retirée, en créant justement l'Angem en 2004 pour s'occuper de ce créneau. Le microcrédit n'est pas propre à notre pays, c'est un processus qui existe dans beaucoup de pays à travers le monde. Cependant, sa présence est plus importante dans les pays en développement. Son but est de créer de petites activités économiques en mesure d'assurer un revenu à des familles ou des personnes dans le besoin.