Entre tension politique et trabendo, la cité des Hammadites respire la pollution et un laisser-aller flagrant. Nous sommes bien loin de la ville des Jasmins tant vantée par les poètes, et recherchée par les touristes des quatre coins de la planète. Aujourd'hui, la ville-phare est livrée à elle-même, et semble gémir au gré des évènements qui la bousculent, elle qui a toujours adopté le calme reposant des métropoles sereines. De grands problèmes semblent surgir de nulle part. Il suffit d'un petit tour à travers les dédales millénaires de Béjaïa pour le constater. Si le manque d'hygiène saute aux yeux, le manque de commodités, à lui seul, résume plus d'un aléa. Prenons l'exemple des toilettes publiques. Ces dernières sont tout simplement inexistantes à Béjaïa. Aucune latrine n'existe ni dans les gares routières, ni dans les endroits à forte affluence. Une lacune que les autorités ne semblent pas prêtes à résoudre. Les citoyens pris d'un besoin pressant se contentent d'utiliser les «arrière-boutiques» des immeubles, les caves, les cages d'escaliers, les coins de rue... et tous les endroits susceptibles de leur apporter un réconfort. Un soulagement agressant le locataire des lieux par ces images d'un autre siècle, et ces odeurs nauséabondes à vous couper le souffle. Nos cités pullulent de moustiques, de rats, de cafards et de toutes les bestioles pouvant provoquer plus d'une maladie infectieuse. Entre ces scénarios qui se répètent à longueur d'année, nous découvrons dans les nouvelles cités l'amoncellement de plusieurs dunes de terre à l'entrée de certains immeubles nouvellement construits. Le raffinement de la finition réside dans le fait que certaines cités «marécageuses» risquent de s'enliser dès les prochaines pluies diluviennes vu que même les voiries demeurent encombrées. Construire est une affaire des plus sérieuses mais quand la chose est réalisée sans les normes universelles de l'urbanisme, il est à se demander si l'on est conscient de la gravité d'une situation qui risque de dégénérer en catastrophe. A l'approche des législatives, plusieurs initiatives sont entreprises dans le cadre de la campagne électorale, seulement, et il faut le préciser, malgré la bonne volonté, plusieurs chantiers restent en suspens. Pourtant, il suffit de peu pour venir à bout de cette situation incongrue. Loin de sa sérénité légendaire, Bougie, jadis carrefour des civilisations, est devenue aujourd'hui le carrefour du trabendo, du racket, du vol, et de plusieurs maux sociaux, qui ont pour origine le chômage, le ras-le-bol et la mal-vie. La journée mondiale de la Santé a été choisie pour donner le coup d'envoi de la médecine payante, alors que le spectre de la grève plane toujours sur le secteur sanitaire. Mécontents, et ne sachant plus à quel saint se vouer, des citoyens rencontrés dans un hôpital de la ville se posaient ironiquement cette question: «Faut-il aussi payer pour mourir?». Une question qui résume à elle seule toute la situation.