Depuis le 16e siècle, la placette de Sidi Soufi et le rempart de Bab El-Fouka devinrent un lieu de rencontre et de réunion pour plus d'un théologien, étudiant et chercheurs venus des quatre coins du globe afin d'enrichir leurs connaissances ou d'en diffuser... Ce n'est donc point par hasard que la ville de Béjaïa, encore sous l'égide des Turcs à cette époque, a été choisie, pour les nombreuses richesses culturelles qu'elle recèle et notamment l'école d'Ibn Khaldoun, située non loin de là à l'intérieur de la Casbah et qui fut sous le règne des Hafsides le point de départ de plusieurs civilisations orientales vers l'Europe. N'oublions pas pour autant la Casbah, endroit idéal par excellence des grands mathématiciens Raymond de Lulle et Léonardo Fabonaci qui n'ont pas trouvé mieux pour introduire les chiffres arabes en Europe... La placette de Sidi Soufi, si elle a eu ses lettres de noblesse n'a pas été épargnée, aujourd'hui par un laisser-aller flagrant et une négligence sans pareille des responsables concernés. Dominant le marché Philippe (fermé depuis quelques années pour une éventuelle restauration qui n'a pas encore vu le jour), la placette de Sidi Soufi n'est plus ce lieu recherché autrefois par la pure souche béjaouie qui, tout au long de l'année, venait goûter le café Loudjak préparé sur braise et servi dans une cafetière, jouer aux dominos et attendre l'arrivée tardive parfois du poisson... Ici, dans ces lieux livrés à la pollution sous le regard indifférent des passants est pourtant passé Ibn Badis en compagnie de son hôte et ami El-Hadi Zerrouki qui parrainait à cette époque El Madersa, l'école coranique mitoyenne à la mosquée de Sidi Soufi... Non loin de là, c'est Bab El-Fouka, l'une des sept portes de la ville qui vous fera revivre l'époque hammadite quand, dès la tombée de la nuit, la ville était fermée aux étrangers. En fait, entre le marché Philippe et Sidi Soufi, il y a comme une histoire d'amour...ces lieux de commerce, de culture et d'histoire regorgent de mille et un souvenirs... Hélas, l'oubli semble prendre indéfiniment possession de ces lieux, quand ce ne sont pas les rats et autres bestioles qui pullulent dans leurs ruelles... Usé, du haut de ses quatre siècles, Bab Louz nous tend la main. Ce côté ouest de la placette, s'il pouvait parler, aurait à coup sûr raconté non seulement ses origines, mais aussi ses jours de l'Aïd, de fête et d'allégresse quand les visiteurs et curieux ne quittait jamais la ville sans lui rendre visite... Hélas ! Plus rien de ces temps-là ne subsiste aujourd'hui...