33 pays à travers le monde ont subi de plein fouet la flambée des prix des produits de consommation de base. 30 milliards de dollars, en provenance des fonds souverains pourraient être investis sur le continent noir. Le président de la Banque mondiale, M.Robert Zoellick, préconise l'élaboration urgente d'une nouvelle politique alimentaire mondiale en faveur de l'Afrique. Cela devrait suffire à accélérer son développement économique et sa croissance, a estimé ce dernier. C'est le 2 avril à Washington, à quelques encablures de la tenue des traditionnelles assemblées de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, que M.Zoellick a souligné la nécessité de donner désormais naissance à une nouvelle politique de l'alimentation à travers la planète. Les causes de cette initiative? Elles sont dues à l'envolée des prix des produits de consommation de base, notamment ceux du blé et du riz, ainsi qu'à la flambée des cours du prix du baril de l'or noir qui a atteint des records historiques. Il a déjà franchi la barre des 110 dollars à New York. Le président de la Banque mondiale a, au cours de son discours, tenu à démontrer que «depuis 2005, les prix des aliments de base ont augmenté de 80%. Le mois dernier, le prix réel du riz a atteint son niveau le plus haut depuis 19 ans. Le prix réel du blé, qui depuis vingt-huit ans, n'était jamais monté si haut, représente presque le double du prix moyen réservé au cours des vingt-cinq dernières années», a tenu à préciser M.Robert Zoellick. Cette situation a bien entendu fait le bonheur des exploitants agricoles qui n'ont pas manqué de se frotter les mains. D'un autre côté, les conséquences ont été désastreuses sur certaines populations africaines les moins armées économiquement contre une conjoncture aussi inattendue. Le tableau brossé par le premier responsable de la Banque mondiale est critique: «Des enfants qui, dès l'âge de 4 ou 5 ans, peuvent être forcés de quitter la sécurité de leurs communautés rurales pour aller se battre pour de la nourriture dans des villes surpeuplées.» Cela illustre cette image d'une Afrique déchirée par la famine, les guerres civiles et tribales, quand ce n'est pas par tous ces ingrédients à la fois. L'Afrique a faim et les grandes puissances assistent à sa lente agonie après avoir puisé toutes ses richesses, à commencer par ce qu'elle avait de plus précieux: ses enfants arrachés à leurs terres pour rendre fertiles celles des autres. «Des révoltes de la faim menacent de déchirer le tissu social. Des mères sont privées des aliments nécessaires pour avoir des enfants en bonne santé», a indiqué M.Zoellick. 33 pays à travers le monde ont subi de plein fouet la flambée des prix des produits de consommation de base. Ils sont en proie à des troubles sociaux. Dans ces pays, la marge de survie est réduite au maximum. L'alimentation représente jusqu'aux trois quarts de leur consommation. Y aurait-il un début de solution pour stopper cette hémorragie? «Une solution à 1%». C'est ce que propose M.Robert Zoellick. Il sera prélevé des 3000 milliards de dollars que constituent les fonds souverains. 1% de ces actifs permettra de mobiliser quelque 30 milliards de dollars pour financer la croissance et la valorisation des opportunités en Afrique. Le commissaire européen pour le Développement et l'Aide humanitaire a comparé la hausse des prix des produits alimentaires en Afrique à un «tsunami économique et humanitaire» pour l'Afrique. Le commissaire européen, Jean Ling, président de la Commission de l'Union africaine, a appelé, hier, à une mobilisation de la communauté internationale pour réinvestir dans le secteur agricole en Afrique.