La mise en vente aux enchères du «Labici-B», un général cargo saisi sur décision de justice en 2001 au port de Béjaïa, est «suspendue jusqu'à nouvel ordre», selon la direction des domaines, chargée par le ministère des Transports, de la procédure. Cette suspension a été motivée par de nouvelles oppositions ayant émané de deux nouveaux créanciers que sont l'équipage du cargo et une entreprise publique, la Société nationale des transports maritimes d'hydrocarbures et produits chimiques, basée à Arzew (Oran). Le premier réclame ses salaires et la compensation des dommages subis, tandis que le second fait valoir ses créances d'un montant de près de 8 millions de DA représentant des prestations fournies, notamment le gardiennage et la maintenance du navire, a-t-on précisé. Les deux parties ont introduit séparément un double pourvoi en justice, l'un en référé pour la forme, et l'autre auprès de la Chambre administrative pour le fonds, a-t-on ajouté. Long de 82 mètres, ce navire battant pavillon Saint-Vincent, une île détaxée des Caraïbes, a été immobilisé en avril 2001 et officiellement saisi et exproprié en août 2003, en raison de l'importance des dettes accumulées par son armateur auprès de ses clients (nationaux et étrangers) qui réclament une partie du produit de sa vente. Sa vente aux enchères devait intervenir le 20 mars dernier, rappelle-t-on. Une première tentative de mise en vente a été opérée en novembre dernier mais a dû échouer en raison de l'insuffisance des offres parvenues, dont le volume, souligne-t-on, «ne couvre pas l'ampleur des créances». Son immobilisation suscite moult désagréments au port de Béjaïa où il occupe vainement un quai de débarquement et impose un gardiennage, une maintenance et une sécurité permanents, selon la direction de l'EPB (Entreprise portuaire de Béjaïa). Appareillant depuis le port de Calais chargé d'une cargaison de sucre, le port de Béjaïa a constitué la fin de son voyage, mais aussi un début de cauchemar pour son équipage, abandonné pendant plus de six mois à son propre sort, ne subsistant que grâce à la solidarité des opérateurs fréquentant le port. Un drame humain porté au cinéma grâce à un documentaire poignant produit par une chaîne de télévision franco-allemande en 2003. L'armateur «Mirfak», une société hollandaise, et le commandant de bord ont tout bonnement pris la fuite.