La logistique qui y a été déployée renseigne sur l'importance du groupe qui s'y cache. Les ratissages menés simultanément dans les plus importants maquis du pays (Sidi Ali Bounab, Chelaâlaâ, Behrara, Zeccar...) ont permis, à ce jour, l'élimination d'une centaine de terroristes affiliés aux divers groupes armés. L'opération «maquis propres» menée en Kabylie, et particulièrement à Sidi Ali Bounab, a permis d'abattre une dizaine de terroristes. Mais le pilonnage continu aboutira certainement à l'élimination d'autres, et l'état-major militaire qui mène l'opération s'attend à trouver des corps après l'intense bombardement que les maquis ont vécu. La logistique qui y a été déployée renseigne sur l'importance du groupe qui s'y cache. Bien sûr, estiment certains, le résultat, à ce jour, n'a pas été à la mesure des attentes, bien que des chiffres - un peu exagérés - de 15, 35, voire même de 50 terroristes abattus, ont été avancés par certains médias. Mais l'important réside dans la récupération d'une logistique époustouflante que le Gspc avait placée dans cette vaste terre boisée de Sidi Ali Bounab: une véritable infirmerie de campagne, un énorme atelier de fabrication de bombes artisanales, des couvertures, des vivres, des outils de travail (chignoles, barres de fer, ronds à béton...) en un mot, une logistique digne d'une guerre d'usure. Pour ce qui concerne les maquis des Hauts-Plateaux du Centre, les ratissages «en continu» menés depuis plusieurs mois, les ont totalement nettoyés. Le danger que représentait le djebel Bahrara est réduit à zéro et l'opération menée au djebel Boukhil a effacé toute «trace suspecte» dans les alentours. Le terroriste tué dans la wilaya de Laghouat, il y a une semaine, et dont le corps a été exposé à la morgue de l'hôpital de la ville, renseigne aussi sur le dépérissement des maquis des Ouled-Naïl (axe Aïn Oussera - Djelfa-Laghouat), qui était, entre 1994 et 1996, un véritable vivier de terroristes et un «pourvoyeur» par excellence. L'opération menée à Chelaâlaâ, dans le massif montagneux de Batna, a eu aussi l'effet de pousser les groupes armés plus à l'Ouest. Le regain d'activité terroriste sur l'axe Skidka-Jijel indique une concentration des groupes du GIA dans ces régions. L'attaque du poste de Oum Toub, où un, arsenal de guerre a été pris «chez» les gardes communaux, a fait ressortir qu'au moins une quarantaine de terroristes avait investi l'endroit. Toutefois, c'est la région kabyle qui offre, à ce jour, le plus de mal aux services de sécurité, au vu des turbulences politiques et sécuritaires que vit la région. Les opérations militaires menées à Mizrana, Takhoukht, Sidi Ali Bounab, Akfadou et tout le Djurdjura ne peuvent rapidement, et à elles seules, mettre fin à la présence «fortement appuyée» du Gspc dans le coin, sans une aide particulière des autochtones. Or, depuis longtemps, une rupture de confiance a été faite au niveau de cette interaction: forces de l'ordre-citoyens. Tant et si bien qu'aujourd'hui, chacun joue «en solo, et à sa manière». La neutralisation de l'émir local, El Hadj Ali, ainsi que deux de ses lieutenants, indique, toutefois que, d'une certaine manière, le Gspc est loin d'avoir les coudés franches. Loin s'en faut. Le déplacement de la violence à l'Ouest indique-t-elle que les groupes armés, tous séparatistes d'avec le GIA, y sont hégémoniques vis-à-vis des autres organisations armées? Il faudrait peut-être le penser. Depuis le début de l'année, c'est pratiquement les groupes activant dans le pourtour de l'Ouarsenis qui font «le plus de dégâts». le guet-apens tendu aux militaires à Aïn El Hadjar, dans le sud de la wilaya de Saïda, et où 21 militaires y ont été assassinés, a été un indice supplémentaire en ce sens. L'hécatombe perpétrée, la logistique déployée et l'armement récupéré donnent la chair de poule. Le renforcement de la sécurité dans ces régions et les opérations menées simultanément entre Aïn Defla et Saïda devraient aboutir à pousser les groupes armés plus vers le Sud, et les mettre, de fait, à découvert. Quoi qu'il en fut, toutes les opérations menées par les militaires ont permis de prendre tous les anciens sanctuaires terroristes, en même temps qu'elles ont permis l'élimination de plus de cent terroristes dans diverses opérations, notamment celles de Médéa, Djelfa, Tizi Ouzou et Batna. Le reste sera une question de temps. Mais de longue haleine.