Les Associations et comités européens de solidarité ont «secoué» l'Europe de son long sommeil sur la question sahraouie. Un réveil plein d'espoir. Il fallait juste oser. Il fallait juste rappeler à l'Europe politique sa responsabilité et son silence dans le drame que vit le peuple sahraoui pour que son regard change. C'est en tout cas le bilan tiré des deux journées lobbying conduites auprès des institutions européennes par les représentants des Associations européennes de solidarité avec le peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination et la Coordination européenne des comités de solidarité au peuple sahraoui (Eucoco). Mardi et mercredi derniers, ces associations, dont font partie plusieurs députés nationaux et européens, ont bouclé un programme marathon de rencontres et de discussions avec des hauts responsables de l'Union européenne afin de remettre au coeur du débat politique européen, conformément au droit international, aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et conformément aux propres engagements de l'Europe elle-même, la question du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination par voie référendaire. Ainsi, si les membres de l'Exécutif européen tels ceux du cabinet de la vice-présidente de la Commission, Mme Bénita Ferrero-Waldner, ont assuré la délégation des associations du strict respect des résolutions internationales, ces dernières n'ont pas ménagé leurs efforts pour relever la position ambiguë de l'UE et sa «dérobade» face aux violations des résolutions de l'ONU par le Maroc. Ainsi, M.Pierre Galland, sénateur belge qui a conduit la délégation, a déclaré que «les Européens sont unanimes à reconnaître que la situation de ni guerre, ni paix au Sahara est préjudiciable à la paix dans le Maghreb, bloque toute la construction d'un Maghreb uni, ainsi que le développement de la coopération euro-maghrébine». Il a expliqué, par ailleurs, que la Commission européenne est consciente de cette situation de blocage et tente, malgré les apparences, de trouver des solutions. Mais c'est du côté des députés européens que les «amis» du Sahara ont trouvé plus d'écho et de promesses de remettre la question sahraouie à l'ordre du jour. Si le soutien avéré de la France à la marocanité du Sahara, couplé à la fuite de la responsabilité historique de l'Espagne dans le processus de décolonisation ont laissé la voie libre au Maroc d'occuper le Sahara, ils sont convaincus qu'il faut relancer l'autre partie de l'Europe qui soutient le droit à l'autodétermination. Et elle est très importante puisqu'elle regroupe des pays comme la Grande-Bretagne, l'Irlande, la Suède, la Norvège, la Suisse, l'Allemagne, l'Autriche... Et chose incroyable, face au chef du groupe parlementaire conservateur (PPE), le Français Joseph Daul, qui s'est dit manquer d'informations sur la situation au Sahara, les eurodéputés de l'intergroupe parlementaire «Paix pour le Sahara», l'ont invité à soutenir la délégation ad hoc pour le Sahara, bloquée depuis trois ans par le Maroc. C'est dans cet ordre d'idées que, lors de la rencontre entre des membres de l'intergroupe parlementaire «Paix pour le Sahara» et les Associations, mardi en fin de journée, la députée portugaise, Anna Gomez, a relevé l'abandon de l'Espagne, en tant qu'ancienne puissance coloniale du Sahara, de son devoir de mener le processus de décolonisation jusqu'à son terme. Elle a fait le parallèle avec son propre pays qui a assumé sa responsabilité dans le cas du Timor Oriental pour l'accompagner vers son indépendance. L'autre initiative mise en route par l'ensemble des Associations et Comités de solidarité avec les Sahraouis consiste en l'organisation de manifestations et marches en juillet prochain, au moment où la France prendra la présidence tournante de l'Union européenne. Parallèlement, elles mèneront des campagnes d'information et de sensibilisation en direction des opinions publiques et médias européens. Au final, ces deux journées de travail et de contact ont permis à tous de constater que la bataille pour épauler les Sahraouis dans leur droit à s'exprimer sur leur avenir, se joue sur le niveau et l'intensité de la présence tant dans les coulisses des institutions internationales que dans les médias et les opinions publiques.