Depuis des années, les pouvoirs publics, notamment le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, font la sourde oreille, et ce, malgré les différentes sollicitations de cette association qui regroupe aujourd'hui une trentaine d'opérateurs algériens. Une série de revendications et de remarques a été formulée dans un mémorandum, rappelons-le, qui a été adressé aux pouvoirs publics, mais qui est resté sans suite. Ces mêmes revendications ont été, hier, au centre des débats. L'organisation, qui représente 75% de parts de marché, investit 50 milliards de dinars et crée 12 000 emplois, déplore la politique adoptée à ce jour vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique. Pour ces producteurs, il est inconcevable que des lois ou des décisions concernant le secteur soient adoptées sans la concertation des concernés. L'Unop fait référence au cahier des charges (arrêté du 6 juin 2005), à la levée de l'obligation d'investir après avoir forcé ces mêmes producteurs à investir des sommes colossales, à la levée d'obligation d'importer des produits ayant une durée de vie supérieure au deux tiers de la vie totale et à l'obligation pour les laboratoires étrangers installés d'être les importateurs exclusifs de leurs produits. Face à toutes ces « entraves étouffantes freinant l'évolution de la production nationale », ces mêmes producteurs ne bénéficient d'aucune mesure de protection et d'encouragement et assistent à « un revirement total dans la politique de développement de l'industrie pharmaceutique, instabilité n'offrant pas de visibilité et de garanties suffisantes pour l'investissement ». L'enregistrement des produits est un des problèmes rencontrés par ces fabricants locaux. L'Unop dénonce les lenteurs dans les procédures d'enregistrement des produits fabriqués localement et le non-respect des délais fixés par la loi. Les producteurs dénoncent également les mesures « discriminatoires », citant l'obligation faite au fabricant algérien de déposer sa structure de prix détaillée alors que ce n'est pas le cas pour les produits importés, pour qui il est uniquement demandé le prix sortie d'usine. La contrainte est aussi ressentie face à l'absence de règles régissant la fixation des prix sortie d'usine des produits fabriqués localement. L'Unop redoute, par ailleurs, les implications des négociations en cours avec l'OMC pour les producteurs nationaux du « fait d'une concurrence exacerbée avec des sociétés étrangères mieux aguerries, plus expérimentées, disposant de capacités technologiques et financières totalement disproportionnées », relève-t-on, précisant qu'une « adhésion sans négociation de période probatoire induit automatiquement une mise en péril de notre jeune industrie pharmaceutique ». Face à toutes ces inquiétudes, l'union des opérateurs recommande l'engagement d'une réflexion pour de nouvelles formes de protection, plus adaptées à un contexte de commerce ouvert, qui n'entrent pas en conflit avec les règles de l'OMC, une négociation plus active de la problématique pharmaceutique dans le contexte de l'accession, prêter une attention majeure aux enjeux du système d'enregistrement et de la politique de remboursement. « Si l'entrée à l'OMC impose effectivement de changer certaines réglementations et de renoncer à certaines formes de protection, il reste du devoir des autorités publiques de rechercher des formules de soutien alternatives », estime l'Unop. L'organisation souhaite, par ailleurs, voir une politique d'aide à ce secteur sensible s'affirmer, sachant que « l'existence et le maintien d'une industrie pharmaceutique sont indissolublement liés à une politique publique volontariste et clairement affichée ». Et de s'interroger sur l'avenir de cette industrie face à cette démarche entreprise à ce jour. Pour l'Unop, il est important de savoir si les autorités sont prêtes à accepter que l'approvisionnement du marché national en médicament puisse un jour dépendre entièrement de sociétés étrangères. En termes de perspective, l'Unop prévoit un taux de 62% de couverture en valeur, la création de 10 000 emplois directs supplémentaires et 30 000 emplois indirects, la création de centres de développement, le développement de l'export et faire de l'Algérie un pôle privilégié de sous-traitance de qualité. Interrogés sur les dernières déclarations de Amar Tou, ministre de la Santé, les représentants de l'Unop se sont refusés à tout commentaire puisque l'organisation a déjà réagi à travers un communiqué de presse, a précisé le président de l'Unop, M. Ziad. A propos du problème lié à la bioéquivalence relevé par Amar Tou, l'Unop estime qu'elle ne constitue pas l'unique paramètre pour juger un produit et « ce n'est pas tous les produits qui nécessitent une étude de bioéquivalence, selon les dernières directives de l'OMS », rappelle-t-on, en signalant qu'une étude de bioéquivalence d'un produit, d'une forme et d'un dosage coûte 40 000 dollars. Concernant l'application du tarif de référence, l'Unop souligne qu'elle contribuera à une augmentation de 20%, selon une étude, en interprétant des chiffres par classes thérapeutiques.