Les autorités ont tenté, en vain, de le réglementer. Il est devenu certain que la mafia du ciment a fait main basse sur les leviers du marché des matériaux de construction. La zone de Haï Nedjma (ex-Chteibo) est devenue la plaque tournante d'un trafic qui a permis à des gens de ramasser des sous, beaucoup de sous. Les autorités locales ont tenté de réglementer ce marché, mais sans résultat puisque, des pontes qui ont le bras long, ont maintenu les choses en l'état en ignorant des textes réglementaires pourtant signés par le wali et les directeurs centraux. Pour mettre un terme à la pagaille qui caractérise ce marché, la décision de délimiter un espace réglementé à été prise. Seulement malgré toutes les correspondances adressées aux grossistes et les mises en demeure, les choses sont restées en l'état. Des détaillants, avides de gain facile, ne se sont pas conformés aux décisions et autres injonctions des autorités locales. Pis encore, quand l'affaire du ciment avarié avait éclaté, plusieurs détaillants avaient reçu la visite d'agents de la DCP qui avaient découvert de grandes quantités de ce ciment entreposées dans les stocks de ces derniers. La provenance de ce produit ne laissait subsister aucun doute, puisqu'il a été établi qu'il faisait partie des stocks produits par la Sarl Rotalgerie. Autre filon de ce gros trafic, le rond à béton, puisque de grandes quantités ont été découvertes dans les aires de stockage de certains détaillants. Mais le hic est que ce matériau de construction est produit en Turquie, ce qui laisse planer des doutes quant à son origine, puisque ce pays est connu pour avoir servi de relais au recyclage du rond à béton irradié d'origine ukrainienne soumis aux effets de la catastrophe de Tchernobyl. Il paraît aujourd'hui clair qu'une mafia bien structurée a fait main basse sur le marché des matériaux de construction à Oran. On n'hésite pas à parler, dans les milieux proches de ce marché, de deux individus roulant à bord de voitures de luxe et ayant pignon sur rue qui modulent, au gré de leurs intérêts, l'offre et la demande. A l'occasion de la pénurie de ciment qui avait sévi l'année dernière à Oran, en raison de la fermeture des usines de Zahana et de Beni Saf, ces deux barons étaient devenus des passages obligés pour tout approvisionnement en matériaux de construction. Ils avaient organisé la pénurie pour en tirer le maximum de profit et devenir les maîtres incontestés de ce filon. Aujourd'hui, l'urgence d'une reprise en main de ce secteur est signalée pour ne pas laisser la mafia compromettre l'avenir des projets de relance retenus pour Oran.