Il refuse que le prochain président du parti soit désigné par paternité ou par une tutelle, allusion faite aux tractations qui seraient menées par Abdelmadjid Menasra et la famille de Cheikh Nahnah. Fermé ou ouvert, la partie n'est pas finie. Le jeu continue. La guerre des chefs se poursuit au MSP. A chacun sa technique et ses armes. Bouguerra Soltani opte pour «un jeu ouvert». Il dénonce l'obstination du camp de Abdelmadjid Menasra. Optimiste, Bouguerra Soltani s'en remet au prochain congrès. Pour le président du parti, le madjliss echoura n'est qu'un conseil consultatif. Perdre une bataille n'est pas perdre une guerre. Bouguerra Soltani place sa confiance dans le congrès. La présidence du parti lui reviendra. Les mesures prônées par le conseil consultatif ne sont pas encore adoptées. C'est le jeu de la roulette russe. La roue peut toujours tourner. Le 4e congrès du parti, prévu les 29, 30 avril et 1er mai prochain, n'a pas encore dit son dernier mot. Lors d'un point de presse organisé hier au siège de son parti, Bouguerra Soltani «refuse que le prochain président du MSP soit désigné par paternité ou par une tutelle». Cette déclaration qui semble ambiguë aux personnes étrangères au mouvement, ne l'est pas pour autant pour les militants du parti. Le message est directement adressé aux proches du défunt cheikh Nahnah qui voient en Abdelmadjid Menasra le futur président du parti. Bouguerra Soltani ne l'entend pas de cette oreille. Le prochain président ne peut être élu que par le congrès. «Le congrès est la plus haute instance du parti. Nous privilégions le jeu ouvert, où les délégués auront le loisir de concocter des décisions à feu doux», a souligné Bouguerra Soltani. Celui-ci précise que «personne ne peut s'exprimer à la place de la base. Le dernier mot revient aux congressistes. C'est à eux d'élire un président en toute démocratie et transparence». Et d'ajouter: «On ne peut imaginer que les 208 membres du madjliss echoura décident à la place de 1400 congressistes.» Aussi exhorte-t-il à respecter «les règles du jeu avec fair-play». Il opte pour la prudence. «Il faut attendre ce que décideront les 1400 congressistes. Certes, il y a de la concurrence, mais il faut accepter la volonté de nos délégués», poursuit-il. Selon le même interlocuteur, «le congrès peut annuler, modifier ou approuver toutes les propositions soumises au vote par le conseil consultatif» et même par le conseil national. «C'est au congrès de trancher», affirme Bouguerra Soltani. Et de conseiller qu'«on doit tous veiller pour réussir le congrès et respecter la volonté de nos militants». Le même point de vue et la même conviction sont défendus par Djema Mohamed, porte-parole du MSP, également secrétaire national chargé de l'information et des affaires politiques. «Nous refusons la paternité et la tutelle», soutient Mohamed Djema, et de préciser que «pour l'instant, rien n'est officiel. Les congressistes sont maîtres à bord». Invité à s'expliquer sur cette divergence, le porte-parole du parti soutient qu'elle est un signe «de vitalité pour le parti» et de reconnaître que des divergences «existent autour du leadership, sur la personne qui serait la plus apte à conduire les destinées du MSP durant les cinq prochaines années». Interrogé sur son éventuelle démission du gouvernement, M.Soltani préfère ne pas répondre aux questions des journalistes, laissant la voie ouverte à son porte-parole. «Il y a pratiquement unanimité au sein du parti, au niveau de sa base, pour poursuivre sa participation» au gouvernement, affirme Mohamed Djema. A rappeler que le conseil consultatif a adopté, le week-end dernier, quelques «projets de résolutions» qui seront présentés au congrès. Ces amendements sont considérés comme hostiles par les partisans de M.Soltani. Il s'agit, entre autres, de l'amendement d'une loi dont la finalité sera d'interdire le cumul de fonctions (partisane et officielle) par les membres de la direction. Cet amendement sera soumis aux congressistes pour validation ou rejet. Ce qui laisse entendre que le président sortant, Bouguerra Soltani, ne pourra pas se porter, dans le cas où l'amendement serait approuvé, candidat à sa propre succession, à moins qu'il ne démissionne, avant, de son poste de ministre d'Etat. A ce propos, M.Djema précise, une fois de plus, que «ce ne sont que des projets de décisions qui seront soumis aux 1400 délégués au congrès qui les adopteront ou les annuleront. Dans le cas où ils seraient adoptés, tout le monde y sera tenu, et M.Soltani devra démissionner du gouvernement s'il veut se présenter à la présidence du MSP». Après ce premier round, les deux «chefs» devront sortir le grand jeu. Et chacun aura à dévoiler ses cartes. Le temps est compté. L'enjeu en vaut la chandelle.