Les prochaines négociations de paix entre le Front Polisario et le Maroc auront lieu sans le représentant personnel de Ban ki-moon. C'est sans aucune ombre d'un doute la seule lecture qui doit être donnée au communiqué qui a sanctionné la conférence de presse de l'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique à Alger. «M.Van Walsum a pris position pour le colonisateur marocain, ce qui est inacceptable. Son rôle de médiateur fait partie désormais du passé», a précisé M.Brahim Ghali aux journalistes, samedi dernier, depuis le siège de son ambassade. Le représentant personnel du secrétaire général des Nations unies aurait dû retourner deux fois sa langue avant de faire la moindre déclaration sur les territoires sahraouis occupés. Au mois d'avril 2008, Peter Van Walsum avait fait une déclaration aussi fracassante qu'inattendue. Il avait carrément estimé l'indépendance du Sahara occidental «irréaliste». Gaffe ou provocation? Difficile de croire qu'un diplomate de la pointure de Van Walsum aurait pu commettre un tel faux pas. Un faux pas qui, en réalité, n'a pu réjouir qu'un des principaux belligérants de ce conflit, le Royaume marocain. La «mini-bombe» lancée par Van Walsum aurait-elle eu pour «aiguillons» les alliés traditionnels du trône alaouite. Les Etats-Unis et la France. Les réactions n'ont pas tardé à pleuvoir. La porte-parole du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Mme Michèle Montas, avait affirmé dans une déclaration que M.Ban Ki-moon ne partageait pas les opinions de son envoyé personnel au Sahara occidental. Les Américains de leur côté, par la voix de Zalmay Khalilzad, leur représentant au Conseil de sécurité, ont, sans surprise, montré de l'intérêt à la déclaration de l'envoyé spécial de Ban Ki-moon au Sahara occidental. «L'idée de M.Van Walsum mérite d'être sérieusement prise en considération», avait déclaré Zalmay Khalilzad. Deux soutiens de poids viendront malgré tout dissiper les inquiétudes des responsables sahraouis. «Si nous nous engageons dans cette voie, nous devrions aussi dire aux Palestiniens de renoncer», avait justement fait remarquer le Sud-Africain Dumisani Kumalo, qui présidait le Conseil de sécurité des Nations unies. Le Royaume-Uni, pour sa part, ne s'est guère soucié de porter atteinte aux susceptibilités du «cousin américain». «Je crois que l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU tente de faire avancer les choses et de la meilleure manière qui soit. Nous appuyons les efforts qu'il déploie, mais cela ne signifie pas forcément que nous appuyons toutes ses opinions», a déclaré, en fin diplomate, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères britannique. Et comme pour remettre les pendules à l'heure, M.Kim Howells a ajouté: «Nous soutenons les négociations actuelles entre le Maroc et le Polisario sous l'égide des Nations unies.» Le représentant personnel de M.Ban Ki-moon était chargé à cet effet de tenter de faire appliquer les résolutions 1754 et 1783 du Conseil de sécurité. Elles appellent à une solution pacifique, négociée, juste et durable qui respecte le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination à travers l'organisation d'un référendum. Le mot de la fin, Omar Mansour, le représentant du Polisario en France nous le livre: «Nul ne peut se substituer au peuple sahraoui dans le choix de son destin.» Quant à M.Van Walsum, c'est pratiquement de l'histoire ancienne.