Fortement amoindri par les événements d'octobre 1988, le FLN n'est pas près de sortir d'une zone de turbulences politiques. Cet état de fait l'a relégué, pendant une dizaine d'années, à jouer un rôle secondaire sur la scène partisane nationale. La mise à l'écart de Mohamed Chérif Messaâdia du secrétariat permanent du parti n'a pas eu beaucoup d'effet sur l'image de marque du FLN qui, sous Abdelahmid Mehri, a tenté une sorte de lifting de façade qui n'a pas tenu. En effet, la cuisante défaite lors des élections locales de juin 1990 a rappelé aux patrons du vieux parti tout le chemin qui doit être parcouru pour gagner l'estime des citoyens. Une année et demie plus tard, un certain 26 décembre 1991, l'ex-parti unique reçoit une autre gifle, autrement plus humiliante. La responsabilité de la déferlante islamiste de l'époque lui incombait en premier lieu. Les premières législatives pluralistes de l'histoire de l'Algérie ont été l'occasion pour plus de trois millions d'Algériens de sanctionner un parti, serviteur d'un système corrompu, à l'origine de la ruine de toute une nation. Pensant peut-être se racheter, l'équipe Mehri tente de sortir de l'emprise du pouvoir, dont le FLN en a toujours été le satellite, et prend fait et cause pour l'hydre islamiste qu'était l'ex-FIS. La nouvelle orientation du vieux parti l'a conduit à s'opposer de front au pouvoir en signant le Contrat de Rome. C'en était trop. Aussi, «un coup d'Etat scientifique» a été fomenté par les «légalistes» du FLN. Ces derniers arrivent à la tête de la formation politique et la repositionne sur l'orbite du pouvoir, en soutenant le candidat Zeroual à la présidence de la République. Cependant, le renversement de Abdelhamid Mehri obéissait à une logique clanique, très éloignée des réelles préoccupations du peuple algérien. La nouvelle direction du FLN, composée essentiellement de caciques, ne s'est pas trop inquiétée des problèmes quotidiens des Algériens. C'est ainsi que le pouvoir s'est vu obliger de créer un parti-clone pour «s'assurer» d'une victoire aux élections législatives de 1997. Présent dans les régions paysannes, le parti de Benhamouda à l'époque, a eu une timide présence à l'APN. A l'arrivée de Bouteflika à la présidence de la République, le bureau politique du FLN donnait des signes évidents de mécontentement en s'opposant au chef de l'Etat sur nombre de questions, notamment celle relative à la réforme de l'éducation. Mais le plus important dans l'attitude de la direction est cette tendance à vouloir coûte que coûte faire au pays un bond de 30 ans en arrière. Quant à l'action militante à proprement parler, elle se faisait dans les couloirs du siège du parti, à travers les pratiques clientélistes, bien connues de beaucoup de cadres et de militants du FLN. Cet état de fait a fini par couper définitivement le parti de la société. Il a fallu la prise en main de la formation par Benflis, pour qu'un sérieux coup de jeune soit donné au vieux parti, que se soit dans le discours ou dans l'action. La rénovation qui a débuté en octobre 2001 par la mise à l'écart effective des caciques du BP, s'est poursuivie par un effort de rajeunissement de l'encadrement à l'échelle locale du parti. Benflis semble miser sur la prochaine échéance électorale pour aller plus à fond dans le processus de modernisation du FLN, en attendant le prochain congrès. Cela dit, la question qui se pose est de savoir si le travail du nouveau SG est concluant ou pas. Réponse : le 30 mai prochain.