Il a plaidé, vendredi, pour l'ouverture «progressive» des médias lourds au capital privé. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique fait preuve à chacune de ses sorties d'un pragmatisme sans faille. Plus rien, plus aucun sujet n'est tabou pour lui. Après sa déclaration sur la dépénalisation du délit de presse, «ça viendra tôt au tard», a souligné Ahmed Ouyahia, le voilà qu'il remet ça avec le champ audiovisuel. «L'introduction progressive de la diversité dans le champ audiovisuel est inévitable et mérite d'être organisée d'abord dans la mixité entre le public et le privé», a estimé le patron du RND. Il s'exprimait lors d'une réception organisée par sa formation politique en l'honneur de la presse nationale et à la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse. L'Entv semble, en effet, à bout de souffle. Le moment serait donc venu de lui inoculer cette bouffée d'oxygène. Ahmed Ouyahia ne veut cependant pas brusquer les choses. Doucement mais sûrement, semble vouloir nous dire le secrétaire général du Rassemblement national démocratique. «Les mutations brutales ne sont pas souhaitables et nous en savons quelque chose dans le champ politique.» Une bien curieuse comparaison. A moins que...Il est vrai, toutefois, que le pluralisme politique a donné naissance à des partis politiques qui n'en portent que l'étiquette. Ils ont éclos comme des champignons avec, en priorité, des intérêts personnels à assouvir. La chape de plomb avait trop duré, l'Algérie avait une soif immense de laisser éclater sa liberté retrouvée. Une liberté pas assez balisée et cela n'est aucunement paradoxal d'en fixer les règles du jeu. L'Algérie a soif de tout. Elle veut tout à la fois. Elle est pleine de vitalité, à l'image de sa jeunesse. Elle est en pleine croissance. «Ces mutations sont un apprentissage qui, incontestablement, progresse même au milieu de difficultés encore nombreuses», nous indique le patron du Rassemblement national démocratique. Et il ne doute nullement que ce nouveau défi sera porté à bout de bras par les professionnels du secteur. Il met en exergue leur savoir-faire. «La presse algérienne a prouvé, dans son ensemble, sa qualité professionnelle et sa compétence, qu'il s'agisse de ses vétérans ou de ses jeunes talents.» La presse algérienne a, sans conteste, subi une saignée. Pas reconnue, sous-payée, elle cède aux propositions en provenance des pays étrangers, notamment les pays du Golfe. Son professionnalisme est attesté. De véritables talents y ont percé. Cela ne semble pas décourager outre mesure Ahmed Ouyahia. «Malgré les nombreux départs qu'elle a enregistrés dans ses rangs, la famille des journalistes a, à chaque fois, prouvé sa capacité à régénérer avec de nouveaux talents. La saignée la plus terrible, la presse algérienne l'aura subie durant les années 90.» M.Ahmed Ouyahia a tenu à lui rendre hommage à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la presse. «Je m'incline, de nouveau, à la mémoire des dizaines de journalistes et de travailleurs de la presse, que nous avons tous perdus et je rends, de nouveau, hommage à la résistance exemplaire de la presse algérienne durant la tragique épreuve que notre pays a traversée...», a déclaré hier dans son allocution le secrétaire général du RND.