Les affrontements ont cessé dans l'après-midi d'hier. Les miliciens chiites ayant pris le dessus. Pas moins de 13 Libanais, dont deux sympathisants de l'opposition tués hier à Khaldé, ont trouvé la mort et plusieurs dizaines d'autres ont été blessés, dans les combats sanglants qui opposaient, depuis mercredi, les hommes armés du Hezbollah et les partisans de Saâd Hariri, fils de l'ancien Premier ministre, assassiné en 2005, Rafik Hariri. La violence des combats, ont rapporté hier des agence de presse, ont poussé des centaines de personnes, dont des ressortissants étrangers, à fuir en direction de la Syrie. Des hommes, des femmes et des enfants sont arrivés en masse aux postes frontières d'Arida, dans le nord du Liban, et Masnaa, dans l'est du pays, pour tenter de sortir du piège beyrouthin. Les combats de rue à l'arme automatique et aux roquettes ont permis au Hezbollah de prendre le contrôle de plusieurs quartiers à majorité sunnite, indique-t-on. Les éléments du mouvement chiite, soutenu par l'Iran et la Syrie, ont chassé hier leurs rivaux des quartiers de l'ouest de Beyrouth, après 48 heures de combats meurtriers alors que l'armée prenait position dans les rues et autour de bâtiments officiels, selon les mêmes sources. L'armée libanaise, ajoute-t-on encore, s'est déployée pour protéger les sièges du gouvernement, de la Banque centrale ainsi que les résidences des chefs de file de la majorité parlementaire. Selon des sources concordantes, les affrontements ont cessé dans l'après-midi d'hier, «car personne ne fait plus face aux miliciens du Hezbollah.» Des membres du mouvement de Hassan Nasrallah tiraient en l'air en signe de joie dans certains quartiers, d'où ont été évincés les membres du Courant du Futur, le parti de Saâd Hariri. Le port et l'aéroport international de Beyrouth sont toujours paralysés, ajoute-t-on. Pour sortir de la crise, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a exigé jeudi, que le gouvernement revienne sur ses décisions d'enquêter sur le réseau de télécommunication et de revenir sur le limogeage du chef de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth. Ce dernier a été limogé, rappelle-t-on, après avoir été accusé d'être au courant de la découverte de caméras de surveillance installées par le Hezbollah à proximité de l'aéroport. Hassan Nasrallah qui a interprété ces décisions comme une «déclaration de guerre», explique que le réseau de télécommunications est une arme défensive. Elle lui a été salutaire durant l'été 2006, quand il a tenu tête à l'armée israélienne au sud du Liban. Les affrontements ont commencé après la transformation de la protestation sociale en un mouvement de désobéissance civile qui a dégénéré en heurts sanglants. En effet, la grève entamée mercredi pour réclamer des augmentations salariales a dégénéré en affrontements entre partisans de la majorité soutenue par l'Occident et ceux de l'opposition appuyée par Damas et Téhéran, qui ont bloqué plusieurs routes, dont celle de l'aéroport. Le gouvernement libanais avait annoncé, mardi, avoir décidé de relever le salaire minimum de 300.000 à 500.000 livres libanaises (environ 130 dollars). Une annonce faite à la veille de la grève générale à laquelle a appelé la principale force ouvrière du pays, la Confédération générale des travailleurs au Liban (Cgtl). Le gouvernement a décidé, aussi, d'accorder une prime forfaitaire de 130 dollars par mois aux fonctionnaires de l'Etat et de 95 dollars aux retraités. Ces mesures ont été qualifiées d'«insuffisantes» et «de pure forme» par la Cgtl qui a reproché au gouvernement de ne pas avoir inclus le secteur privé dans les augmentations. Le front social vivait une véritable fronde sociale dans ce pays où les salaires n'ont pas évolué depuis 1996, alors que les prix ont grimpé de manière significative au cours des dernières années. Michel Aoun, une autre figure de prou de l'opposition libanaise, avait, de son côté appelé quelques jours auparavant, les patrons et les salariés à descendre dans la rue «pour faire tomber le gouvernement de Fouad Siniora», soutenu par les pays occidentaux, l'Arabie Saoudite et l'Egypte. L'opposition menée par le Hezbollah et la majorité se rejettent la balle quant à leur responsabilité dans la crise constitutionnelle que traverse ce pays, sans président depuis novembre dernier. La Syrie est accusée, par la majorité, de bloquer l'élection et de vouloir regagner son influence au Liban. L'opposition pour sa part, reproche à la coalition au pouvoir d'être inféodée à Washington. Les deux camps n'arrivent pas à s'entendre sur un partage du pouvoir et le spectre de la guerre civile plane à nouveau sur ce petit pays, combien stratégique.