Le chef de l'Etat français met au grand jour la mauvaise conscience de la France à propos de son passé colonial en Algérie. La France officielle ne se repentira pas de sitôt de ses crimes coloniaux commis en Algérie. Le constat est fait. Ce n'est pas sous l'ère Sarkozy que cela se fera. Cette histoire qui doit être sereinement abordé et écrite en commun, comme l'ont tant souhaitée les historiens, n'aura pas lieu de sitôt. Le gouvernement français actuel, dès qu'il a fait un pas en avant, en fait deux en arrière. Tout n'est que verbiage et parlotte. A entendre le président français, il y aurait plusieurs «France»: celle de Diên Biên Phu, celle d'Algérie, celle d'Afrique, l'esclavagiste. Celle des Dom-Tom. (Départements et territoires d'outre-mer...). Pour la période 39-45, il en recense deux. Une «vraie France» et une «fausse France». A l'occasion du 8 Mai 1945, Nicolas Sarkozy a rendu hommage à la «vraie France». Celle qui a résisté à l'occupation nazie jusqu'à l'Armistice du 8 Mai 1945. Il l'oppose à cette «fausse France», celle du maréchal Pétain, héros de la Première Guerre mondiale qui a cependant abdiqué devant Adolf Hitler et le totalitarisme nazi. De Gaulle, le héros, celui qui a libéré la France contre le maréchal Pétain qui a livré la France et des milliers de juifs aux camps de concentration nazis. Et les tirailleurs algériens, marocains, tunisiens, sénégalais dans tout cela, que deviennent-ils? De la simple chair à canon sans aucun doute. Eux qui ont ouvert les portes de Paris à la division Leclerc. Ils n'étaient pas encore Français d'ailleurs, ni Algériens d'ailleurs...Des Français-musulmans tout simplement. Un statut bâtard qui reflète aussi bien leur condition de colonisé et celle d'indigène. C'est cela l'histoire de cette «autre France», la vraie, celle qu nie jusqu'à l'existence de l'autre. Celle qui torture, enfume, brûle et tue. Cette France, Sarkozy l'évacue. Cette France est frappée d'amnésie. Des voix se sont élevées de l'autre côté de la Méditerranée. «De quelle France s'agissait-il, de la vraie ou de la fausse, qui, le même jour de l'armistice allemande, a massacré des milliers d'Algériens à Sétif puis Guelma, Kherrata et dans bien d'autres localités de l'Est algérien?», se sont demandés de nombreux observateurs présents à la commémoration du 8 Mai 1945. «Aucune manifestation officielle sur ce crime colonial n'a été constatée, à Paris», ont-ils fait remarquer. Que deviennent dans ce cas-là, ces bonnes intentions, ces fameux premiers pas pour une reconnaissance des crimes coloniaux? Des déclarations de circonstance. Des déclarations sporadiques. Un point c'est tout. A l'instar de celle de l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet. Nombreux sont les historiens et hommes politiques français qui ont tenu à dénoncer «les concessions verbales» de la France s'agissant de ces crimes. René Gallisot, Olivier Le cour Grandmaison, Alain Ruscio, Henri Pouillot et le député socialiste Daniel Bgoldberg ont demandé la mise en pratique d'actions à l'image de l'abrogation dans sa totalité de la loi du 23 février 2005. Cette loi qui fait l'apologie du colonialisme s'est vue amputée de son article 4 sous la présidence de Jacques Chirac. Tous ces intellectuels ont appelé «à la reconnaissance officielle de tous les crimes coloniaux commis en Algérie». Le verrouillage du passé colonial de la France se traduit aussi à travers les médias de l'Hexagone. L'autre 8 Mai 1945 de Yasmina Adi, n'a été diffusé qu'en troisième partie de soirée sur Antenne2. Un moment où l'audimat est à son plus bas niveau. Une manière pour la France de continuer de cultiver son amnésie à propos de ses crimes commis en Algérie. C'est tout juste une question de temps...2012 peut-être, qui marquera la fin du règne de Sarkozy.