10 itinéraires détaillés, rehaussés de photos inédites et d'adresses des lieux incontournables à fréquenter... Elles sont deux supernanas, tombées amoureuses de cette ville, Alger. L'arpenter de bout en bout leur a été difficile, au début, surtout quand on n'est pas d'ici. Sonder ses arcanes, est devenu leurs prérogatives. Qui sont-elles? Philomène Bon est, disons versée dans l'audiovisuel, son parcours concilie la production audiovisuelle, le journalisme et la réalisation documentaire. Karine Thomas est, avant tout, une enseignante chevronnée, amoureuse d'histoire. Aussi, le regard pertinent de l'une doublé de la rigueur professorale de l'autre, ont fait naître ce «beau» livre qu'on n'arrive pas encore à classer. Pas dans le guide justement. Ces deux jeunes auteurs dont l'une a vécu de 2003 à 2007 à Alger, ont imaginé dix balades qui offrent une vision contemporaine de la ville, sans tomber dans le passéisme nostalgique mais plutôt en exhumant la richesse de son passé et de son patrimoine culturel. Un travail de longue haleine qui répondra aux «questionnements» de l'une et de l'autre sur la constante mutation de cette ville, chargée d'histoire, de souvenirs et d'anecdotes. Aussi, ce livre, 10 balades à Alger, bien détaillé, s'interroge sur les fondements d'Alger, lesquels ont fait d'elle une capitale méditerranéenne en pleine expansion et tente de comprendre aussi cette société qui sort d'une décennie bouleversante et s'ouvre aujourd'hui au monde. Pour ce faire, ces deux femmes ont rencontré de nombreux interlocuteurs, personnalités ou anonymes, passionnément épris de leur cité, ou badauds amusés qui ont fait que ce voyage soit plus excitant, plus dur à réaliser peut-être. Les dix balades proposées dans ce «guide» au format inhabituel se font à pied, de la périphérie vers le centre. Elles permettent de se repérer facilement dans les dédales algérois, ses mille escaliers, ses parcs luxuriants, sa Casbah, son architecture aux multiples influences historiques. Chaque promenade, accompagnée d'un plan détaillé, est illustrée à la fois par des photographies actuelles, plus de 150, signées Kays Djillali et Michel Denancé, ainsi que des images d'archives. Des encadrés prolongent les itinéraires en apportant des infirmations historiques ou culturelles sur la ville. Aussi, une partie pratique donne toutes les adresses incontournables restaurants, hôtels, musées...mais aussi des lieux insolites à découvrir pour mieux comprendre le pays et ses habitants. Bref, ce livre nous donne à voir et à ressentir notre ville autrement. Il s'adresse à la fois aux touristes mais aussi aux Algériens désireux de s'instruire davantage sur leur ville en la (re) découvrant sous un nouveau visage, «plus contemporain, sous le regard complémentaire de ces deux auteures et non pas sous forme d'un guide du routard, mais plutôt d'un livre comme prétexte à la découverte d'une ville animée, plurielle et métissée» comme souligné par l'éditeur Sofiane Hadjadj de Barzakh qui a choisi de s'associer aux éditions francaises Le bec en l'air pour effectuer cette oeuvre préfacée par l'historien Daho Djerbal. «Il s'agissait pour nous de rendre compte de la profondeur et la richesse des différents strates historiques qui ont jalonné et composent cette ville, restituer ses espaces, cette énergie, ses échos culturels, donner une transversalité à l'espace urbain..» nous expliquera Karine Thomas, à la faveur d'une rencontre animée, lundi dernier, à la librairie des Beaux-Arts d'Alger. «Ce fut une expérience très exaltante...» nous confiera, pour sa part, Philomène, ajoutant que son voyage à Alger lui a permis de battre en brèche les idées reçues sur la ville et nous apprendra, par ailleurs, avoir réalisé un document sonore de la ville, lequel enregistrement qui, au départ, a servi pour une installation lors d'un festival, a reçu le premier prix d'un concours sur France Inter. Carnet de voyage sonore est son intitulé qui a permis à ces deux femmes de gagner un voyage autour du monde. Edité en 2000 exemplaires des deux côtés de la Méditerranée, ce livre est disponible en librairie au prix de 1400DA et 24 euros en France. Il sera question de débattre à nouveau autour de 10 balades à Alger, demain, jeudi, à l'espace Noun, avec Karine Thomas, le photographe Kays Djilalli et l'architecte Larbi Merhoum. A découvrir et surtout à avoir dans sa bibliothèque...