Cette industrie lithique constitue pour les jeunes chômeurs un palliatif pour gagner leur croûte au détriment de leur santé. Le pillage intensif de pierres utilisées généralement dans l'ornementation des façades de maisons et villas est en phase de devenir un véritable ´´casse-tête´´ environnemental dans la commune d'Ifigha. «Des terrains entiers sont menacés de glissements et éboulements suite à l'extraction anarchique de pierres», a indiqué le maire de cette municipalité, située à une cinquantaine de km à l'est de Tizi Ouzou. Cette ´´industrie´´ lithique constitue pour les jeunes chômeurs d'Ifigha un palliatif pour gagner leur croûte, au prix de leur santé, et participant grandement à la fragilisation de l'écosystème de la région. Selon ces jeunes, «tout le périmètre attenant aux limites administratives de la commune d'Ifigha avec les daïras d'Azazga et Bouzeguene» fait l'objet d'une extraction forcenée. Le périmètre mis à sec, les jeunes sont acculés à se déplacer vers le coeur même de la forêt voisine d'Ifigha, en utilisant les tracteurs agricoles pour transporter leur produit vers les points de vente aménagés tout au long de la voie publique. Ces pierres taillées sont très appréciées dans les wilayas du centre du pays où les propriétaires aisés les utilisent pour agrémenter les façades de leurs habitations. De par sa qualité, le mètre carré de pierre taillée peut être écoulé à un prix variant entre 2000 à 2500DA. Tandis qu'un sac de 25kg de poudre de silicium (mélangée avec le ciment peut être utilisée également dans l'ornementation des façades) se vend à 150DA. Pour se prémunir contre les risques liés à leur ´´dur métier´´, les tailleurs d'Ifigha se contentent «de boire beaucoup de lait et de porter un bâillon afin d'éviter le plus possible de respirer l'air gorgé de poudre de silicium». La majorité d'entre eux a affirmé «n'avoir jamais pensé à aller consulter un médecin, après plusieurs années de cette activité», dont la durée moyenne est estimée à 08 années pour certains, «même en ayant eu vent de plusieurs atteintes dues à cette maladie enregistrée au niveau des hôpitaux, aggravée par la mort d'un tailleur de pierres du village voisin de Aït Saïd». De l'avis du chef de service des maladies respiratoires de l'hôpital Belloua (relevant du Centre hospitalo-universitaire (CHU de Tizi Ouzou), ces tailleurs ignorent les «complications mortelles» liées aux atteintes à l'appareil respiratoire auxquelles ils sont exposés. D'autant qu'ils ne sont pas déclarés à la sécurité sociale. En effet, durant leur activité, les tailleurs de pierres respirent l'oxyde de silicium, une matière très nocive se trouvant dans les particules de poudre de pierre gorgeant l'air qu'ils respirent. De ce fait, ces tailleurs de pierres risquent d'attraper une pneumoconiose, qui est à son tour ´´à l'origine de complications diverses représentées principalement par 3 cas avérés de maladies mortelles (non cancérigènes), la pneumothorax bilatérale, la neumoptsie et la tuberculose résistante. Quant au directeur local de l'environnement, il estime que l'extraction effrénée de la pierre participe, à une échelle limitée, à la survenue d'éboulements de terrains. Pourtant une loi, dissuadant le vol flagrant des ressources naturelles relevant du périmètre de la forêt domaniale, existe, mais sans plus. Cependant, il y a lieu de souligner que les sites, objet de ce pillage au niveau de la commune d'Ifigha ´´relèvent du domaine privé´´. Ceci n'empêche pas des poursuites judiciaires contre les contrevenants par le président d'APC de la circonscription concernée. Le contrôle de l'extraction des pierres au niveau de la wilaya est exclusivement dévolu à l'Agence nationale de protection et de valorisation du patrimoine minier national, qui compte une police des mines chargée de cette mission, selon les informations fournies par la direction de l'industrie et des mines. Si des mesures ne sont pas prises, d'autres décès ne sont pas à exclure, à l'instar de ceux de T'kout dans la wilaya de Batna.