Le temps plein complémentaire n'a jamais été une exigence du privé, affirment les responsables de ces cliniques. C'est désormais, regroupés dans leur association (Association des établissements hospitaliers privés du Centre), que les patrons des cliniques privées montent au créneau. Ne voulant plus être le souffre-douleur du «système», ni les responsables de sa faillite, ils entendent prendre position à l'égard de leurs pairs du secteur public, mais surtout faire entendre leur voix auprès de l'administration à laquelle ils reprochent certaines décisions arbitraires. Dans ce bras de fer dans lequel une véritable chasse aux sorcières est engagée, ces blouses blanches et non moins patrons d'établissements hospitaliers mettent sur la table un certain nombre de préoccupations qui minent plus que jamais leur exercice de la médecine au quotidien. En effet, ces derniers viennent de convoquer, ce week-end, une réunion du bureau de leur association. Cette rencontre a été animée par les premiers responsables de ce regroupement, notamment le Dr Djamel Eddine Khodjabach, directeur général, le Pr Habel, vice-président, le Dr Djennaoui Nouredine, secrétaire général, et le Dr Habbaz, trésorier. Alors que pas moins de douze représentants de structures privées étaient présents à ce rendez-vous qui annonce de nombreux autres à l'avenir. Il faut dire que cette «hausse de ton» intervient dans un contexte caractérisé par une sorte de cabale qui semble s'abattre sur les cliniques privées. En effet, et en quelques jours seulement, l'on rapporte que pas moins de huit cliniques ont été fermées pour des motifs pour le moins peu convaincants. Ainsi, et en quelques jours seulement, l'on fait état de trois structures de ce type fermées à Alger, quatre à l'Est et une autre à Oran. Au moment où d'autres établissements sont indirectement menacés de fermeture pour manque de spécialistes, à l'instar d'une clinique privée établie à Ghardaïa, laquelle est pourtant bien nantie en équipements de dernière génération. Face à cette accumulation de griefs peu consistants et à ces fermetures intempestives, les patrons de cliniques privées entendent réagir officiellement et approcher les autorités de tutelle pour tenter d'asseoir un dialogue constructif et de lever des sanctions injustifiées. «Les cliniques privées font vivre des citoyens et donnent beaucoup à la santé du pays, doit-on les obliger à baisser les rideaux comme s'il s'agissait de boulangeries?», s'est insurgé le Dr Habel qui a ajouté: «Même s'il y a erreur, la sanction doit être individuelle et non pas pénaliser tout un établissement!» A ce propos, les pairs de ce dernier dénoncent un vice de forme et appellent à une meilleure interprétation des textes en la matière, quitte à s'octroyer les services d'un audit juridique. Selon eux, toute procédure de fermeture doit être signifiée par écrit et non plus verbalement. N'excluant pas un débrayage en solidarité avec les victimes de ces décisions administratives de fermeture, ces patrons comptent solliciter une rencontre avec le ministre de la Santé, afin de lui faire part de leurs préoccupations et positions. Notamment vis-à-vis du temps complémentaire qu'ils rejettent finalement en bloc. Le temps complémentaire n'a jamais été une exigence du privé mais une invention des hospitalo-universitaires, semblent-ils dire comme pour se démarquer d'une situation ambiguë et qui serait à l'origine de sentences extrêmes. «Nous qui avons le courage de nos choix n'avons jamais été consultés pour pareille formule; aujourd'hui que cette dernière crée des remous, voilà que l'on nous en endosse la responsabilité. Ce temps aménagé qui crée problème nous n'en voulons donc plus!» soutiennent-ils encore. Dans la valise de ces patrons en colère, bien d'autres dossiers déterminants, à l'instar de celui relatif au service civil et qui fait cruellement défaut aux cliniques privées, en dépit d'un décret présidentiel signé en 2006. Ou encore la disette en paramédicaux aggravée par l'impossibilité «d'importer» du personnel soignant étranger. Sinon, la lancinante question de l'approvisionnement en consommable médical et en produits pharmaceutiques, avec à la clé une autorisation d'importer certains produits par l'entremise de procédures d'urgence. Le remboursement des soins par la Cnas est l'autre dossier lourd évoqué par les patrons des cliniques privées. Selon ces professionnels de la santé, il s'agit là, d'un véritable goulot d'étranglement dont pâtissent les structures privées et, par ricochet, les malades. Le glas sonnera, en effet, pour les cliniques privées tant que leurs prestations ne seront pas conséquemment remboursées les services de la Cnas.