Ian Lesser écarte la possibilité d'installer une base américaine dans les pays de l'Afrique du Nord, en Algérie notamment. «Les Etats-Unis n'ont pas de stratégie directe pour la Méditerranée.» C'est ce qu'a analysé hier, à Alger, Ian Lesser, conseiller de l'ancien président américain Bill Clinton, chargé des affaires de la Méditerranée. Lors d'une conférence animée à l'hôtel Hilton, portant sur les «stratégies européennes et américaines en Méditerranée», le conférencier estime que les USA «possèdent des relations et des liens politiques et économiques directs avec certains pays de la Méditerranée. Mais nous n'avons pas une stratégie en tant que bloc, réservée pour cette région». Aux yeux du conférencier, la première puissance mondiale préfère opter pour «une politique et une approche diversifiées». Ce qui laisse entendre que les USA privilégient des relations directes et selon des besoins bien précis. Avec l'Algérie, la question énergétique demeure la priorité des Etats-Unis, bien avant les questions relatives à la sécurité des personnes et à la coopération sécuritaire d'une manière générale. Conscient des grands enjeux que représente cette région dans la politique mondiale, le conférencier estime que les USA suivent ce qui se passe dans la région, sans pour autant accorder une grande importance, à l'inverse des pays européens, à l'image de la France et d'autres pays de la rive Sud. «Nous ne sommes pas les concurrents de l'Europe dans cette région. La Méditerranée intéresse beaucoup plus un pays comme la France», a-t-il avoué. L'intérêt des USA dans cette région est résumé par l'orateur dans quelques aspects. Outre le volet sécuritaire et énergétique, il estime que cette région reste une passerelle vers le Moyen-Orient et les pays du Golfe. M.Lesser souligne, toutefois, que son pays doit orienter sa politique vers les quelques pays de la rive Sud de la Méditerranée. «A mon avis, on doit s'intéresser à certains pays de cette région. A titre d'exemple, l'Otan doit coopérer et travailler davantage avec les pays comme l'Algérie», a-t-il dit. Et d'ajouter: «Il y a quelques pays de cette région qui ont des relations intéressantes avec l'Amérique, notamment sécuritaires et politiques.» S'exprimant sur le projet de l'Union pour la Méditerranée initié par le président français, le même interlocuteur avance que «les Etats-Unis n'ont pas une politique ni une stratégie spéciales pour cette région. Nous n'avons pas été invités et nous ne serons pas membre de cette Union. Ce qui veut dire que nous n'avons pas une politique spécifique pour ce projet». Cependant, l'orateur n'a pas caché que les Américains suivent de près l'évolution de ce projet. «Il faut attendre la prochaine réunion de Paris pour en savoir plus.» L'intérêt qu'accordent les Etats-Unis à cette union réside dans le fait que la France est l'un des principaux partenaires de quelques pays de la rive Sud. «C'est sous cet angle que je dis que c'est important pour nous» souligne-t-il. Le même interlocuteur écarte la possibilité d'installer une base américaine en Afrique du Nord, en Algérie notamment. «A mon avis il y aura une coopération de défense en matière de sécurité des personnes et de la région, mais devant le refus de l'Algérie, je pense qu'une telle possibilité est à écarter.» Dans un autre registre, M.Lesser estime que «la politique des Etats-Unis pourrait être réorientée après la prochaine présidentielle».