Des dizaines de milliers de kalachnikovs et de lance-roquettes circulent dans la région Bien avant l'apparition du terrorisme et ses actes barbares, le trafic d'armes faisait déjà les choux gras des contrebandiers même si le phénomène n'avait pas atteint les proportions alarmantes que l'on sait. Cette activité a pris racine en Algérie depuis 1983, entre les villes de Ghardaïa et Ménéa. Une dizaine d'années plus tard, le trafic allait régner en maître avec notamment Hadj Bettou, un homme connu des services de sécurité. Il a été arrêté en possession d'armes, sous prétexte que c'est pour sa propre protection. Bien plus tard, se produit l'attaque de la caserne de la police à Soumaâ, ce qui allait d'ailleurs permettre au fondateur du Mouvement islamique armé (MIA) Bouyali, l'idole de Ali Benhadj, de récupérer quelques-unes des ces armes. Désormais, les premiers émirs du terrorisme, à l'image de Saïd Makhloufi ayant activé au MIA avant de rejoindre le GIA, ou encore Qamar Eddine Kherbane, un des chefs du GIA, vont s'atteler à gagner la sympathie des réseaux mafieux de ce trafic, pour leur propre approvisionnement. Le trafic est d'autant plus dense aux portes de nos frontières et même au-delà, au Sahel, une région particulièrement instable depuis plus d'une dizaine d'années. La situation est devenue plus complexe et plus grave avec l'implication directe d'autre groupes terroristes algériens nés avec le début de la violence islamiste en Algérie. Par la suite, les fractions armées se multiplaient au nord du Mali et du Niger, plus spécialement depuis que le Gspc a fait allégeance à Al Qaîda en 2006. Cette connexion entre le Gspc et les fractions armées, a évidemment constitué une véritable menace pour le pays et les pays voisins. Selon des chiffres établis par des sources sécuritaires, des dizaines de milliers de kalachnikovs, de lance-roquettes et des explosifs circulent dans la région. Aujourd'hui, il a été établi avec précision que même des officiers maliens sont directement liés à ce trafic. Ces officiers travaillent de concert avec le Gspc, pour assurer la circulation des armes en mettant à leur profit la situation d'instabilité qui prévaut. Tout le flou créé par Mokhtar Benmokhtar au sujet d'une reddition, l'attaque de l'avion militaire à Djanet, la tentative d'introduire des armes en Algérie du côté de Aïn Ouzzan, tout cela nous autorise à nous interroger, qui a intérêt aujourd'hui et dans ces temps précis à impliquer l'Algérie dans le pourrissement de la situation? Les marchands de guerre visent, a priori, les efforts de paix prônés par l'Algérie pour ramener la sécurité dans la région, ce qui nuit aux intérêts des barons, qui n'hésiteront pas à tisser des liens étroits avec d'autres groupes, branche du Gspc qui active sous les directives d'Al Qaîda. Mokhtar Benmokhtar que l'on dit redditionnaire potentiel, ne semble pas avoir définitivement rompu avec le terrorisme, puisque, selon des sources bien informées, il continue d'approvisionner le Gspc avec la complicité des fractions du Niger et du Mali, alors que la situation demeure très tendue, à cause de la rébellion des Touaregs et l'état de siège annoncé au Kidal... Selon des sources sécuritaires, les services de sécurité algériens ont dû intervenir pour limiter les provocations visant à les impliquer dans un conflit au-delà des frontières Sud, question de déstabiliser la vigilance. Tant que la situation demeure explosive, il n'est pas question pour les forces de sécurité de s'intéresser à un contexte au-delà des frontières algériennes. Sauf pour défendre l'intégrité territoriale, surtout que la région n'est pas accommodée à la paix et la stabilité. Le trafic d'armes, qui nourrit davantage l'activité subversive, reste un fléau international et se pose comme un défi pour les forces de sécurité. Ses effets, qui menacent la sécurité de l'Etat, sont non seulement déstabilisateurs, mais également dévastateurs. C'est tout l'intérêt du Gspc qui cherche à prendre le contrôle de la région en ramenant les cellules dormantes sur le terrain.