La connexion entre les différents trafiquants au profit d'Al Qaîda au Maghreb, a facilité la circulation des armes et leur acheminement. Il y a de cela trois ans, les Américains, se basant sur des données vérifiées, ont émis une sérieuse mise en garde aux pays maghrébins à cause du nombre impressionnant d'armes qui circulent au Sahel. Les principaux détenteurs de cet armement léger en général, et constitué, selon toujours les Américains, de dizaines de milliers de kalachnikovs, sont des tribus touareg au nord du Mali, des mouvements d'opposition tchadiens et des groupes de contrebandiers soudanais et même algériens. C'est à partir de ces régions que les groupes terroristes algériens ont tenté de s'approvisionner depuis 1993. Et c'est dans la logique de la contrebande du Sud que la région de Ghardaïa a été la plaque tournante d'un énorme trafic, dont les prémices remontent au début des années 80. Les chefs de bandes qui contrôlaient le trafic de cigarettes et le marché des véhicules d'occasion ramenés de France et vendus au Niger, après avoir transité par l'Algérie, étaient, pour la plupart, armés. Les premières impressions brutales du terrorisme extrémiste ont vite mis des trafiquants notoires dans cette région au-devant de la scène. Certains ont entamé cette descente aux enfers parce qu'ils exprimaient une sympathie à l'égard de l'ex-FIS. Parmi ces derniers, D.A., âgé d'une trentaine d'années, lorsqu'on a découvert des armes au niveau du périmètre agricole qu'il gérait. Quelques années plus tard, il est abattu près de Berrouaghia, dans la wilaya de Médéa, et la liste est longue. Le réseau placé par Mokhtar Benmokhtar a permis aux terroristes de faire circuler un stock d'armes automatiques impressionnant, y compris des armes semi-automatiques. Des guides et des spécialistes du désert ont été recrutés afin d'éviter les concentrations urbaines pour acheminer les armes. De Bordj Badji Mokhtar (wilaya d'Adrar, limitrophe de la frontière avec le Mali), on peut arriver aux confins d'El Bayadh ou de Djelfa (dans les Hauts-Plateaux ouest et centre), sans passer par les villes. Les forces de sécurité, et face à l'immensité du désert, étaient tenues de traquer les chefs de réseaux dans les villes. Et il a fallu des années, à la suite d'arrestations de terroristes et de redditions, pour démanteler les groupes plus importants. Des sources chargées du dossier sécuritaire ont confié que les derniers attentats meurtriers qui ont secoué le pays, ont pour origine un grand mouvement de trafic d'armes, lequel est improvisé et dirigé par Mokhtar Benmokhtar, avant qu'il n'exprime sa volonté de se retirer des activités terroristes et d'un certain Abou Zied, affilié à la katiba El Moulathamine. La connexion entre les trafiquants de drogue et les trafiquants d'armes au profit de ce qu'on appelle, aujourd'hui, Al Qaîda au Maghreb islamique, a facilité la circulation des armes et leur acheminement. Selon des chiffres, 80.000 AK47 circulent actuellement au Sahel, entre le Mali, le Niger, le Tchad et la Somalie. Ce grand trafic, relativement exercé au profit des groupes armés en Algérie, a été réactivé, notamment après que Abdelmalek Droukdel alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, se soit autoproclamé émir du Gspc. Il va sans dire que ce chef terroriste a réussi, en 2005, à récupérer un maximum d'armes, provenant en majorité d'importants lots «libérés» par de grandes sociétés étrangères au profit de groupes d'opposition des pays cités du Sahel. En transitant par le Grand Sud algérien, un nombre non négligeable de ce lot a fini entre les mains du Gspc, par le biais de Mokhtar Benmokhtar, Ibrahim Gharigua, abattu en Mauritanie, Abou Zaid et un certain Abou Yacer, connus des services de sécurité.