La réforme de la justice n'a pas amélioré les Droits humains. Régression, recul et marche arrière tel est le constat établi par un groupe d'avocats concernant la situation des droits de l'homme en Algérie! Ces avocats ont dressé hier au forum d'El Moudjahid, un tableau noir à l'égard de la pratique de ces droits. Maîtres Rachid Ouali, Tayeb Belloula, Smain Chemma, Assoul Dalila et Ben Taleb ont regretté le manque de textes d'application. La condamnation de la jeune fille Habiba K de Tiaret, pour avoir embrassé une autre religion, a été choquante pour l'ensemble des avocats. Ils ont démontré à quel point les Droits de l'homme ont régressé en Algérie. Selon leurs dires, si en 1966 la législation a ordonné de recenser les pratiquants d'autres religions, c'était uniquement pour en connaître le nombre. Aujourd'hui les juges ordonnent d'emprisonner! Les participants au forum d'El Moudjahid ont longuement parlé de la communication de nos officiels. Ils ont condamné sévèrement leur mutisme. «Les statistiques demeurent secret d'Etat». L'opacité engendre le doute et le mépris. Afin d'appliquer les bases de la démocratie, il est important que la justice soit indépendante, loin de toute pression politique ou autre «casquette». Les avocats ont appelé les associations de la société civile à faire des propositions et à s'organiser afin de mieux connaître leurs droits. Selon les invités d'El Moudjahid, les citoyens ne doivent rien attendre de l'Exécutif quant à l'amélioration des droits du citoyen. Ils doivent compter sur eux-mêmes et leurs connaissances en droit. Les spécialistes du droit doivent, à leur tour, dénoncer les réprimandes à l'égard du droit. Les avocats ont évoqué également la mauvaise qualité des verdicts. Selon eux, les juges se prononcent sur le procès selon leur culture et leur éducation. Ils ont soulevé aussi le manque de juges. «Qu'attendez-vous du juge qui traite quelques 250 affaires en une seule journée?» s'exclament-ils. Avec ce nombre de dossiers, le juge devient un fonctionnaire. L'essentiel pour lui reste la quantité des affaires traitées, pas la qualité! En conclusion, selon les intervenants, la réforme de la justice n'a pas amélioré les droits humains. Les textes demeurent virtuels. Les citoyens doivent s'organiser en associations pour défendre ensemble le «droit qui leur revient de droit»!