Débat n En «recul» et en «hibernation», tel est le constat fait, hier, par des juristes sur la situation des droits de l'Homme en Algérie. Ces spécialistes s'exprimaient lors d'une table ronde organisée au centre de presse d'El-Moudjahid portant sur le thème des droits de l'homme et du droit, et de l'arsenal juridique sur le plan national. Lors de son intervention, Zoubida Assoul, présidente du réseau des femmes juristes arabes, a souligné que les textes ne suffisent pas, du fait qu'ils ne sont pas vulgarisés et loin d'être mis en application. Elle cite, à titre d'illustration, le nouveau code de la famille dont les textes d'application n'ont pas encore vu le jour. Parfois, c'est la mauvaise interprétation qui vide les textes de leur sens, à l'image du contrôle médical imposé aux futurs conjoints que certains officiers d'état civil apparentent à un certificat de virginité «ce qui constitue une atteinte à la dignité des citoyennes», dénonce-t-elle. Il est, donc, nécessaire, selon l'intervenante, de dégager des pistes de réflexion en impliquant le mouvement associatif et les ONG, notamment les ligues de droits de l'Homme. Elle finira en soulevant les difficultés d'accès à la justice que rencontrent les femmes victimes de violences. De son côté, Me Tayeb Belloula a souligné «qu'il ne faut rien attendre de l'Exécutif», puisqu'il «appartient aux citoyens de réclamer et de défendre leurs droits». Il signale aussi certaines mauvaises pratiques des juges qui appliquent la loi selon leurs visions personnelles. Un intervenant a pour, sa part, soulevé le problème de l'enseignement des droits de l'Homme soulignant que les violations multiformes des droits de la personne humaine découlent du fait que la résolution 49/184 de l'AG des Nations unies du 23 décembre1994, liée à l'introduction obligatoire par les parties signataires de l'enseignement des droits de l'Homme dans l'ensemble des cursus scolaires n'est pas appliquée. Ce qui est d'ailleurs valable, a-t-il ajouté, pour tous les textes et résolutions que notre pays a ratifiés. Le cas des convertis au christianisme poursuivis en justice a également été évoqué. «De quel droit on condamne une femme pour détention de bibles alors que la liberté de culte est garantie en Algérie ?», s'est interrogé Rachid Ouali, avocat à la Cour suprême. Abondant dans le même sens, un autre juriste a souligné que l'article 36 de la Constitution garantit la liberté du culte et consacre la liberté de pratiquer une religion autre que musulmane.