Les Portugais ont dû céder devant une Nationalmannschaft très efficace. L'Allemagne a brisé net les ambitions et les rêves du Portugal de s'emparer de son premier grand trophée international, en se qualifiant pour les demi-finales de l'Euro-2008 après avoir dominé les vedettes lusitaniennes, trahies par leur défense et battues 3-2, jeudi à Bâle. La Nationalmannschaft est décidément éternelle. Moribonde après un premier tour poussif (deux victoires sans relief face à la Pologne et l'Autriche, une défaite contre le seul adversaire de poids de sa poule, la Croatie), elle a démontré qu'elle restait une formidable machine à broyer, même face à une opposition largement supérieure sur le plan technique. En l'espace de 26 minutes, les triples champions du monde et d'Europe ont ainsi enterré les espoirs portugais, le temps pour Schweinsteiger (22e), d'une reprise à bout portant, et Klose, de la tête (26e), de révéler au grand jour les lacunes défensives du conglomérat de stars dirigé pour la dernière fois par Luiz Felipe Scolari avant son départ pour Chelsea. Le 3e but de Ballack (61e), le meilleur, côté allemand avec «Schweini», auteur de deux passes décisives, n'a fait qu'entériner la débâcle de la «Selecçao» malgré les deux réalisations de Nuno Gomes (40e) et Postiga (87e).Les Cristiano Ronaldo, Deco, Simao et consorts ont eu beau régaler la galerie lors de la première phase, il leur était difficile de se frotter à l'Allemagne sans un minimum d'assise défensive. La charnière centrale Pepe-Ricardo Carvalho a totalement explosé en vol lors de ce début de match cauchemardesque, guère aidée il est vrai par un côté droit qui a, lui aussi, bu la tasse, Bosingwa étant aux abonnés absents sur l'action amenant le premier but allemand. D'autant qu'il est quasi-impossible de remonter un déficit de deux buts face à l'Allemagne, le précédent dans une grande compétition internationale remontant à la Coupe du monde 1938. Et ce n'est pas l'absence sur le banc de touche du sélectionneur Joachim Löw, suspendu et reclus en tribune après son exclusion contre l'Autrciche, qui semble avoir tétanisé ses joueurs. Quatre ans après une finale de Championnat d'Europe perdue à Lisbonne contre la Grèce, deux ans après s'être hissé en demi-finale du Mondial-2006 (défaite lors du match pour la 3e place face à...l'Allemagne 3-1), le Portugal peut de nouveau s'estimer maudit en phase finale en dépit d'un réservoir de joueurs exceptionnels et d'un leader de génie en la personne de Cristiano Ronaldo. Le joueur de Manchester United a tout tenté mais son manque d'efficacité (43e, 45e, 82e) a été fatal à son équipe, alors que les Allemands ont, eux, fait preuve d'un froid réalisme. Il a tout de même été à l'origine de la réduction du score de Nuno Gomes, juste avant la pause, mais on attendait beaucoup plus de ce joueur, annoncé comme le futur Ballon d'Or. Attendu comme la star de l'Euro après une saison prodigieuse avec les Red Devils (meilleur buteur du Championnat d'Angleterre, doublé Premier League-Ligue des champions), Ronaldo s'inscrit dans la lignée des perdants magnifiques du Portugal, les Eusebio, Figo, Rui Costa, toujours placés, jamais gagnants. Scolari a, lui, échoué, comme ses prédécesseurs, à profiter du potentiel technique de ses joueurs. Mais son départ pour Chelsea après quatre années brillantes à la tête de la sélection lusitanienne va tout de même laisser un grand vide. Tout est à reconstruire pour le Portugal.