Le 5e recensement général de la population et de l'habitat tarde à nous livrer tous ses secrets. L'opération en valait vraiment la chandelle. Mais à défaut de nous éclairer par sa lumière, elle nous aura valu au moins deux grosses surprises. Mystères ou énigmes? Les résultats préliminaires du 5e Rgph nous n'en disent pas plus pour le moment. Avis aux spéculateurs. Le cas de Djelfa (soulevé par le quotidien L'Expression) aura surpris plus d'un. Nos démographes nous doivent une convaincante argumentation. Cette wilaya s'est hissée au quatrième rang des wilayas les plus peuplées à travers le territoire national. Sa population s'est accrue de près de 500.000 âmes en l'espace de 10 ans. Son taux de croissance est tout simplement exceptionnel (le second tout de même après celui de Tindouf) puisqu'il a affiché 3,7%. Comment expliquer ce phénomène? L'enquête encore en cours pourrait nous livrer quelques indications de taille. On n'en est pas encore là. Autant dire qu'on est encore loin d'être sortis de l'auberge. Nos lanternes ne demandent qu'à être éclairées. Avis donc aux démographes, sociologues...Sommes-nous donc au bout de nos peines? Eh bien non! Le 5e recensement général de la population a été généreux en surprises. Toujours selon les résultats partiels de cette opération d'envergure, l'enquête révèle que 1.503.710 logements sont inoccupés. Pour parvenir à ce résultat, il suffit de procéder à une simple soustraction. Sur un total de 6.748.057 logements recensés au 16 avril 2008, le parc de logements habités a atteint 5.224.347. La différence est là. Elle est nette. Elle représente plus de 1,5 million d'habitations vides. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, M.Noureddine Moussa, qui s'exprimait, hier matin, sur les ondes de la Radio nationale (Chaîne III), a déclaré que «l'on en saura un peu plus sur le nombre de logements vides à partir du mois de septembre 2008». L'Office national des statistiques (ONS) étant en train d'affiner les données récoltées durant la campagne du 5e recensement général de la population et de l'habitat. Quelle pourrait être l'origine de cette fabuleuse «manne de logements»? Elle a pour origine, et en premier lieu, le départ massif de la population européenne. Ces logements sont tombés sous la fameuse loi des biens vacants de 1963. Ceux qui ont été abandonnés par leurs propriétaires, bien après l'Indépendance, ont échappé à cette loi. Ils ont été soit squattés soit occupés de manière abusive. L'exode des Français d'Algérie ne suffit tout de même pas à expliquer un excédent aussi important en logements. Le parc immobilier s'est considérablement accru après l'Indépendance. De gros moyens ont été mis en oeuvre par l'Etat pour résoudre une crise du logement qui semble être sans fin. Les appétits se sont aiguisés. Combien de hauts fonctionnaires de l'Etat ont bénéficié d'un nombre élevé de logements? Des logements sociaux destinés aux plus démunis. Certains parlent de dizaines pour un seul cadre de la nation. Pour servir tous les membres de sa famille. Faire de juteuses affaires immobilières. Le mètre carré ayant atteint des records. 200.000DA dans certains endroits de la capitale. Noureddine Yazid Zerhouni a, quant à lui, une explication: «Ces logements inoccupés peuvent être expliqués par la mobilité des Algériens. Il s'agit peut-être de familles en déplacement», a déclaré le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Certains villages ciblés par le terrorisme ont été complètement désertés. Cela suffira-t-il à expliquer ce «surplus» de logements qui ne sont pas nécessairement tous habitables? L'enquête en cours nous le dira.