Eau potable, routes, gaz de ville et autres commodités de la vie font défaut dans ce hameau, où les gens mènent une vie à contre-courant du développement. La réalité est souvent amère. Des villages à travers la wilaya de Bouira, souffrent toujours le martyre. En dépit des politiques de développement et des programmes annoncés, tambour battant, des milliers de villageois n'arrivent pas à percevoir le bout du tunnel. Tout est remis aux calendes grecques. Les promesses d'un lendemain meilleur se sont évaporées avec les dernières pluies. Le village R'heimat, peuplé de quelques centaines d'âmes, est situé dans la commune de Aïn Lahdjar, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de Bouira, illustre à bien des égards ce constat. Eau potable, routes, gaz de ville et autres commodités de la vie y font défaut. Dans ce hameau, les gens mènent une vie à contre-courant du développement. De ces bourgades, l'on ne s'en rappelle le nom qu'à l'approche des élections. Que de promesses faites, que de programmes avancés. En vain. Que des morts mais surtout que des maux. Les villageois vivent toujours dans la misère. Le cauchemar continue. N'était le calendrier, le village donne l'image d'un autre temps, révolu. Des maisons faites, en leur majorité, de chaume et de terre. «Le temps ici n'a aucune valeur» souligne un vieil homme et d'ajouter que «d'année en année, les douars plongent encore dans la misère». Aucun projet portant sur le développement rural n'est réalisé. Le village semble vivre à côté du développement. La route, l'unique d'ailleurs, menant du chef-lieu de la commune à ce village, est dans un état lamentable. Les autorités locales ont l'esprit ailleurs. D'ailleurs le terme «impraticable» semble désuet pour décrire ce chemin qui monte. En conséquence, le transport se fait désirer. Pour se rendre à Aïn Lahdjar ou dans d'autres communes limitrophes, il faut prendre son mal en patience en attendant qu'un moyen de transport daigne passer. D'ailleurs, plusieurs écoliers du village ont depuis longtemps renoncé à leur scolarité. Faute de moyens financiers, certains parents se retrouvent allégés d'une dépense financière. «Que peut-on faire du moment que la pauvreté nous a réduits à néant?», déplorent-ils. Le manque d'eau potable pèse lourdement sur la vie de ces villageois. Eté comme hiver, la soif ne s'étanche jamais. Les sources se sont taries depuis longtemps au même titre que leurs ressources. Les habitants sont dans l'obligation de parcourir des kilomètres en quête d'une goutte d'eau, et cela quel que soit le prix. Adultes et enfants, à pied le plus souvent, munis de jerricans se lancent dans la bataille journalière pour remplir des réservoirs de fortune. C'est ainsi qu'avance le train de la vie quotidienne à R'heimat, une localité qui, malgré la courte distance la séparant du monde urbain, vit à l'écart de la modernité. Le village R'heimat n'est pas un cas isolé. D'autres villages de la wilaya figurent sur la liste des oubliés.